Meudon (awp/afp) - Renault a présenté jeudi une nouvelle génération de véhicules 100% électriques avec le concept Mégane eVision, entre citadine et SUV, au moment où ce marché semble enfin décoller en Europe sur fond de resserrement des normes.

Plus de huit ans après le lancement de la petite Zoe, la Mégane eVision relance les ambitions de Renault dans l'électrique mais aussi sur le segment des compactes (C), où la Mégane première du nom avait fait des étincelles dans les années 1990.

"La prochaine offensive de Renault sera sur le segment C, C+ et on va capitaliser sur la force de Renault dans l'électrique et dans l'hybride", a résumé le nouveau directeur général de Renault, Luca de Meo, lors d'une conférence de presse à Meudon (Hauts-de-Seine).

Laissant de côté le haut de gamme qui a souvent tenté la marque, sans grand succès, l'idée est de "recentrer Renault dans des segments et des marchés où l'on est capables de faire de la marge", a souligné M. De Meo, réaffirmant les nouveaux objectifs de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi.

Une gamme électrique

Le show-car eVision présente de hautes jantes inspirées du Losange et une nouvelle signature de phares, avec 450 kilomètres d'autonomie promis. La production du modèle de série devrait débuter fin 2021 dans l'usine de Douai (Nord).

"Sa longueur contenue (4,21 m) permet d'offrir aux passagers une habitabilité et des capacités d'usage dignes d'un véhicule de segment C - traditionnellement 15 à 30 cm plus long - tout en facilitant la circulation en milieu urbain", a affirmé M. de Meo. "C'est la concurrente de la Volkswagen ID en Europe".

Le constructeur a vendu plus de 300.000 véhicules électriques en Europe depuis 2010, avec une offre basée sur la petite Zoe, l'utilitaire Kangoo Z.E. ou dernièrement sa petite citadine, la Twingo Electric.

"On va offrir à partir de 2022 tous nos nouveaux modèles en électrique ou en hybride", a souligné Luca De Meo. "Renault est un pionnier de l'électrique, on a commencé il y a dix ans, ça nous donne un avantage énorme". La gamme thermique de la Mégane devrait, elle, lentement s'éteindre.

Cette première Mégane électrique sera suivie d'autres modèles plus grands basés sur la même plateforme (châssis et composants voisins), la CMF-EV. Développée conjointement avec Nissan, avec une pile très plate, elle permet de concevoir des véhicules jusqu'à 4m70.

Dacia s'électrise

Renault a également lancé l'électrification de sa marque "low-cost" et à succès, Dacia. La Dacia Spring électrique, présentée jeudi aux côtés de la Mégane, sera "la citadine la moins chère du marché européen".

Ce mini-SUV haut sur pattes, au look de baroudeur avec ses barres de toit, est doté d'une autonomie théorique de 225 km. La Spring aura pour mission d'opérer une percée sur trois marchés: la voiture particulière, l'autopartage et la livraison du dernier kilomètre, avec sa version utilitaire Cargo.

Arrivé début juillet chez Renault pour parachever la transition à la direction après la disgrâce de Carlos Ghosn, Luca De Meo vise à terme, selon un document interne, "une gamme de véhicules électriques emblématiques, rentables, à un prix d'entrée de moins de 20.000 euros, produits en France".

M. De Meo doit présenter un nouveau plan stratégique entre la fin de l'année et janvier 2021, qui reposera en partie sur une nouvelle marque consacrée aux solutions de mobilité.

D'ici à 2025, le dirigeant italien a déjà annoncé qu'il espérait que Renault pourrait "récolter les premiers bénéfices de la reprise des marchés", alors que le groupe au Losange, touché de plein fouet par la crise, a subi une perte colossale de 7,3 milliards d'euros au 1er semestre et annoncé la suppression de 15.000 emplois dans le monde.

afp/rp