Paris (awp/afp) - Le président du constructeur automobile Renault, Jean-Dominique Senard, envisage des prêts bancaires garantis par l'Etat français qui pourraient atteindre 4 à 5 milliards d'euros pour l'aider à passer la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, a-t-il déclaré vendredi.

"Nous travaillons sur des idées de prêts bancaires qui seraient garantis par l'Etat et qui un jour ou l'autre seraient destinés à être remboursés ce qui fait que nous ne pèserons pas sur les finances de l'Etat", a indiqué M. Senard sur RTL.

"Je suis absolument certain que ça devrait permettre de passer la mauvaise période que nous vivons aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Interrogé sur un montant de 4 à 5 milliards d'euros pour ces crédits garantis, le président de Renault a répondu: "ça pourrait être de cet ordre-là". Mais "les montants ne sont pas fixés aujourd'hui, donc il est trop tôt pour en parler", a-t-il souligné.

M. Senard a en revanche confirmé qu'il écartait le scénario d'une renationalisation de Renault, dont l'Etat détient aujourd'hui 15%. "Aujourd'hui nous ne sommes pas dans cette perspective", a-t-il dit.

Renault a annoncé jeudi la suppression de ses dividendes au titre de 2019, alors que la notation du groupe, affaibli par la crise causée par le coronavirus, a été abaissée au rang d'investissement spéculatif par l'agence Standard and Poor's.

Le groupe a été contraint comme ses concurrents de suspendre une grande partie de ses activités de production dans le monde en raison des mesures de confinement mises en oeuvre pour freiner l'épidémie.

Cependant, des sites commencent à redémarrer. "Les usines vont rouvrir en Roumanie, elles ne vont pas tarder à rouvrir en Russie également, et au Portugal nous avons rouvert hier notre usine mécanique qui produit des boîtes de vitesse", a déclaré M. Senard. Elles rouvrent "petit à petit, chaque fois qu'on peut le faire mais dans des conditions de sécurité absolues", a-t-il souligné.

Concernant le redémarrage en France, il a souligné l'importance de la reprise du commerce: "nous espérons un jour ouvrir nos usines, mais encore faut-il pouvoir vendre".

Il a expliqué que les accords signés avec des syndicats du groupe pourraient permettre de faire tourner les usines françaises durant l'été. Les salariés pourraient même travailler jusqu'à 60 heures "mais pour une période très limitée".

L'accord qui permet de garantir 100% de la rémunération des salariés en chômage partiel en échange de flexibilité a été approuvé la semaine dernière par trois syndicats, la CFE-CGC, la CFDT et FO.

Concernant de possibles fermetures de sites en France, au sujet desquelles la direction avait annoncé en février n'avoir "aucun tabou", M. Senard a affirmé: "aujourd'hui, ce n'est franchement pas le sujet, on verra plus tard. Il n'y aurait en tous les cas aucune souffrance sociale".

"Nous avons des usines aujourd'hui qui pour la plupart, pour ne pas dire toutes, en France sont sous utilisées. Donc la première priorité, c'est que nos usines soient mieux utilisées en France, c'est à ça que nos équipes travaillent, c'est à ça que nous pensons quand nous pensons à la compétitivité de notre industrie et de Renault", a-t-il assuré.

afp/rp