Bruxelles (awp/afp) - Après avoir longtemps freiné sur la voiture électrique, Toyota va lancer cinq nouveaux modèles à batterie en Europe d'ici la fin de l'année 2026.
Le N°1 mondial de l'automobile compte couvrir l'essentiel du marché européen avec trois SUV.
Le compact "CH-R+", un nouveau modèle électrique qui reprend le nom d'un modèle à succès, portera notamment les ambitions de la marque avec un design sportif et une autonomie annoncée jusqu'à 600 kilomètres.
Il viendra rejoindre fin 2025 une version actualisée de son premier modèle électrique, le "bZ4X", et le plus petit "Urban Runner" avec des batteries moins chères, de technologie LFP (lithium, fer, phosphate).
Le quatrième groupe automobile européen, derrière Volkswagen, Stellantis et Renault, les a présentés à la presse lors de son évènement annuel à l'aéroport de Bruxelles.
Si leurs prix n'ont pas été précisés, ces modèles viendront affronter des cadors du marché électrique comme la Tesla Model Y, la Volkswagen ID.4, la Volvo EX30 ou la future Renault 4.
Trois autres Toyota électriques suivront d'ici la fin 2026 et Lexus, la marque premium du groupe, lancera aussi trois voitures électriques en 2025, dont une nouvelle version du SUV "RZ".
Le constructeur a également présenté un concept inédit de petite voiture électrique, pensée pour affronter les Citroën Ami et autres modèles sans permis, notamment dans les centres-villes de plus en plus fermés aux voitures classiques.
Roi des hybrides
Toyota enregistre de bons résultats sur le marché européen grâce à sa domination sur les modèles hybrides, dont les ventes explosent à mesure qu'elles remplacent les modèles à essence.
Parallèlement, le constructeur japonais s'est longtemps tenu en retrait des voitures électriques: elles ne devraient encore représenter que 10% de ses ventes en Europe en 2025, contre plus de 20% pour ses concurrents.
Le recul de Tesla peut être une opportunité: il était prévisible, selon le directeur général de Toyota Europe, Matt Harrison, car la marque américaine fait face à une compétition de plus en plus féroce, avec une gamme vieillissante, mais le comportement de son patron Elon Musk provoque aussi "certaines protestations".
Alors que Toyota fabrique aujourd'hui en Europe ou à côté (France, Royaume-Uni, République tchèque, Turquie) plus de 70% de ses véhicules vendus sur le continent, surtout des hybrides, ces trois nouveaux véhicules électriques seront importés d'Inde (pour l'Urban Cruiser) et du Japon.
La voiture électrique "est pour l'instant un pilier mineur dans notre stratégie +multi-technologies+. Demain, ou au-delà de 2030, ce sera le plus grand pilier", a souligné M. Harrison, dans une interview à l'AFP.
Ces modèles électriques arrivent "au moment parfait" pour Toyota, selon M. Harrison.
Face à des normes européennes renforcées, le constructeur était prêt à acheter des crédits d'émissions de CO2 à Tesla, mais la Commission européenne a annoncé le 3 mars que les constructeurs auraient finalement plus de flexibilité de calendrier pour électrifier leurs ventes.
Cette annonce ne devrait toutefois pas chambouler la production prévue en 2025, à part peut-être quelques ajustements sur les derniers mois de l'année, note M. Harrison.
A plus long terme, la "clause de revoyure" prévue en 2026 par la Commission sur le passage à 100% de ventes électriques en 2035 est un enjeu "encore plus important" pour Toyota, selon son directeur général.
Le constructeur japonais considère en effet que l'hydrogène et des carburants synthétiques auront leur rôle à jouer pour remplacer l'essence, au côté des voitures électriques. Et des d'Etats comme l'Allemagne ou l'Italie poussent pour intégrer ces énergies du futur au virage de 2035.
Le rendez-vous de 2026 "sera une tentative plus sérieuse de vérifier la trajectoire (vers la décarbonation, NDLR) et ses causes profondes. Pourquoi y a-t-il cet écart entre la demande réelle et les objectifs des régulateurs ?", a lancé M. Harrison.
Le bZ4X, premier modèle électrique de la marque, a connu des débuts chaotiques en 2022 avec des problèmes de qualité, une autonomie limitée et des tarifs peu compétitifs. Mais Toyota a redressé la barre et baissé fortement ses prix, rencontrant notamment le succès sur le marché le plus électrifié du monde, en Norvège.
La nouvelle version du bz4X promet une batterie plus grande avec une meilleure autonomie (jusqu'à 573 km selon la marque) et une recharge plus rapide.
afp/rp