(Actualisation: nouveau cours de Bourse, commentaire d'analyste, contexte sur l'objectif de marge)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Renault a multiplié par plus de deux son estimation pour cette année de la perte de production due à la crise des semi-conducteurs, qui a également fait plonger ses volumes et ses revenus au troisième trimestre.

Le groupe au losange évalue désormais à près de 500.000 sur l'ensemble de 2021 le nombre de véhicules non produits en raison de cette crise, alors qu'il tablait auparavant sur environ 200.000 unités. Le groupe a vu cette pénurie s'intensifier au troisième trimestre, avec des pertes de production de 170.000 véhicules, ce qui porte à 390.000 véhicules l'impact sur l'ensemble des neuf premiers mois de l'année.

Cette nouvelle estimation est pire qu'attendu par le marché, estime la banque Citi. A la Bourse de Paris, l'action Renault abandonne 1,2% à 30,52 euros vers 11h15, alors que le CAC 40 progresse de 1,1% dans le même temps.

"La visibilité sur le quatrième trimestre demeure très faible, les informations nous provenant de nos fournisseurs étant, au bas mot, très peu fiables", a déclaré la directrice financière de Renault, Clotilde Delbos, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

La dirigeante a toutefois estimé que les difficultés d'approvisionnement en composants électroniques pour les mois de novembre et décembre devraient être moins fortes qu'en septembre et octobre, en raison de la fin du confinement de cinq semaines en Malaisie qui a perturbé la chaîne de production. "Vu que ce 'lockdown' en Malaisie est terminé, on ose espérer que la crise sera moins aiguë à la fin de l'année mais nous sommes conscients que la situation va rester tendue une bonne partie de 2022", a déclaré Clotilde Delbos. La dirigeante a expliqué que le groupe au losange pouvait envisager des partenariats avec des "constructeurs de puces" pour améliorer son approvisionnement "plutôt que d'internaliser ou de verticaliser à l'intérieur de l'alliance" Renault-Nissan-Mitsubishi les compétences dans ce domaine.

Confirmation de l'objectif de taux de marge opérationnelle pour 2021

Clotilde Delbos a par ailleurs assuré que le groupe ne comptait pas retarder le lancement de nouveaux véhicules l'an prochain en raison de la crise des semi-conducteurs. En 2022, Renault lancera notamment la Megane E-TECH Electric "au premier semestre", a rappelé la directrice financière.

Malgré une perte de production bien plus importante qu'initialement anticipé, le groupe au losange a confirmé son objectif de parvenir à un taux de marge opérationnelle pour l'ensemble de 2021 du même ordre que celui du premier semestre, soit 2,8%.

Si un tel niveau de marge lui permettrait d'atteindre quasiment avec deux ans d'avance son objectif à l'horizon 2023, la rentabilité du groupe au losange reste à la traîne des autres constructeurs européens. Stellantis, qui publiera son chiffre d'affaires du troisième trimestre jeudi prochain, avait enregistré un taux de marge opérationnelle courante de 11,4% au premier semestre et table sur environ 10% pour l'ensemble de 2021. Volkswagen a de son côté publié un taux de marge opérationnelle de 8,8% sur les six premiers mois de l'année et anticipe une rentabilité comprise entre 6% et 7,5% cette année.

Accélération des réductions de coûts

L'industriel a par ailleurs annoncé viser un flux de trésorerie opérationnel de l'automobile positif pour l'ensemble de 2021, en excluant les variations du besoin en fonds de roulement. Cet objectif inclut la remontée de dividende de 930,6 millions d'euros provenant de sa filiale de financement RCI Bank, a précisé Clotilde Delbos.

Clotilde Delbos a également indiqué que le groupe devrait atteindre "dans les prochaines semaines" son objectif de réduction des coûts fixes de 2 milliards d'euros. Le groupe va continuer d'accélérer ses efforts d'économies, a-t-elle également déclaré, pour tenter de prendre également de l'avance dans la suite de son plan. Renault prévoit d'atteindre des réductions de coûts fixes de 2,5 milliards d'euros en 2023 puis 3 milliards en 2025.

"Renault accélère ses efforts en matière de réductions de coûts", apprécie JPMorgan Cazenove qui a confirmé à "surpondérer" sa recommandation sur le titre.

Chute des revenus au troisième trimestre

Renault a livré ces estimations et ses perspectives alors que ses revenus du troisième trimestre ont chuté sur un an, pénalisés par la crise des semi-conducteurs.

Sur la période allant de juillet à septembre, le chiffre d'affaires de l'industriel s'est inscrit à 9 milliards d'euros, contre 10,37 milliards d'euros pour la période correspondante de 2020, soit une baisse de 13,4% en données publiées. A taux de change et périmètre constants, la baisse du chiffre d'affaires du troisième trimestre s'établit à 14%.

Selon un consensus cité par Oddo BHF, les analystes attendaient en moyenne à des revenus de 8,9 milliards d'euros au troisième trimestre.

Le chiffre d'affaires de la seule division automobile, hors AvtoVaz, s'est établi à 7,7 milliards d'euros, en repli de 14,1%. Cette baisse s'explique essentiellement par une contraction des volumes, a expliqué Renault, dont les ventes mondiales ont reculé de 22,3%, à 599.027 unités, au troisième trimestre. A contrario, les mesures prises pour augmenter les prix ont eu un impact positif de 2,9 points de pourcentage. Cet effet est toutefois pénalisé "par une base de comparaison élevée à partir du troisième trimestre 2020 et par de moindres hausses de prix dans les marchés émergents en l'absence d'effets de change négatifs", a indiqué Renault.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: LBO - ECH

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October 22, 2021 05:17 ET (09:17 GMT)