L’Union européenne a mis en place une stratégie de transition énergétique stricte, reposant principalement sur des pénalités en cas de non-conformité. Les constructeurs doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, sous peine de lourdes sanctions financières. En cas de retard, trois options s’offrent à eux : payer des amendes se chiffrant en milliards d’euros, vendre des véhicules électriques à perte pour compenser, ou acheter des crédits carbone à des concurrents moins polluants.
Une peine sévère pour les constructeurs européens
L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, avec une augmentation de température deux fois plus importante que la moyenne mondiale depuis les années 1980. Pour répondre à cette urgence climatique, l’Union européenne impose une limite stricte : chaque véhicule neuf mis en circulation en 2025 ne doit pas dépasser une moyenne de 81 g de CO₂ par kilomètre soit une réduction de 15% par rapport à 2024. Toute émission au-delà de ce seuil entraîne une amende de 95 € par gramme excédentaire et par véhicule.
Cette règle inquiète particulièrement des constructeurs comme Volkswagen, qui a vendu près de 9 millions de véhicules en 2024. Une infraction pourrait se traduire par des amendes atteignant plusieurs milliards d’euros. Pour éviter ce scénario, les constructeurs européens se tournent vers des entreprises américaines et chinoises comme BYD et Tesla pour acheter des crédits carbone via des contrats valant des centaines de millions de dollars.
Un système à double tranchant
Bien que l’intention de l’Union européenne soit louable, cette stratégie pourrait se retourner contre elle. En transférant d’importantes sommes à leurs concurrents pour acheter des crédits carbone, les constructeurs européens soutiennent indirectement la croissance de ces entreprises étrangères. Cela ralentit également leur propre transition vers des véhicules électriques.
Actuellement, Volvo est la seule marque européenne à pouvoir tirer des bénéfices des crédits carbone notamment en s’associant à Polestar (les deux sociétés font partie du groupe chinois Geely) pour réduire le bilan de Mercedes-Benz. BMW pourrait bien finir l’année tout juste dans les clous et éviter de payer quoi que ce soit, si on en croit les prédictions d’UBS à l’été dernier. Le reste des constructeurs devra très certainement s’associer à la concurrence étrangère pour éviter l’amende européenne.
Tesla, par exemple, s’associe avec Stellantis, Ford et Toyota pour leur fournir des crédits carbone. En 2024, l’entreprise d’Elon Musk a déjà généré plus de deux milliards de dollars grâce à ce système.
Les cas de Volkswagen et Renault restent incertains. Volkswagen pourrait encore se tourner vers BYD ou SAIC Motor (MG), tandis que Renault pourrait envisager un partenariat avec ses alliés Nissan et Mitsubishi.
La transition écologique européenne semble prendre du retard ou peut-être forcée pour les constructeurs automobiles. Ces derniers tentent par ailleurs de plus en plus de négocier les différentes étapes avec la Commission européenne qui tient, selon eux, des objectifs de plus en plus irréalistes dans le temps donné.