Ajoutez à cela la possibilité qui leur était donnée, d’ici la fin septembre 2019, de choisir de partir avec de copieuses indemnités (clause de cession - jusqu’à plus de 100 000 euros pour les plus anciens) et vous obtenez un grand chambardement. Et un puissant buzz négatif pour le titre Reworld Media, qui boit la tasse en Bourse avec une chute de 9,54% hier, à 2,18€ en clôture, soit 40% sous le pic estival.

Pour reprendre le dessus, la direction a, depuis quelques jours, multiplié les communiqués positifs et les messages enthousiastes sur les réseaux sociaux. Sans effet pour l’instant. Nous avons voulu en savoir plus sur la situation et avons interrogé le management, par la voix de Pascal Chevalier, son président. Selon lui, 55% des 350 journalistes ayant rejoint le groupe ont choisi la clause de cession, sur un effectif total de Mondadori France de 750 collaborateurs. C’est moins que certains chiffres qui avaient circulé dans la presse, mais cela reste beaucoup. Surtout que lors d’un entretien récent à Zone Bourse, https://www.zonebourse.com/REWORLD-MEDIA-16699934/actualite/Reworld-Media-Le-rachat-de-Mondadori-France-n-est-qu-une-etape-dans-la-constitution-d-un-groupe-d-28043061/, Pascal Chevalier nous indiquait : "Il n’y a pas de sujet de réorganisation, nous avons besoin de tout l’effectif repris". La direction, qui n’aurait pas écarté une telle vague de départs, évoque l’aubaine de la clause, notamment pour les nombreux journalistes proches de la retraite. Certains auraient d’ailleurs prévu de reprendre une collaboration, en free-lance, avec leur ancienne rédaction. En attendant, le préavis sera d’un mois. De quoi boucler les prochains numéros et passer le relais aux plus jeunes, certains ayant été promus à l’occasion.

Source : présentation des résultats semestriels de la société

Autre facteur qui aurait pesé dans la balance, le déménagement du site quelques kilomètres plus au sud de Paris, à Bagneux. Le site serait inaccessible en métro et situé dans un quartier en travaux pour encore au moins 3 ans… Ceux qui restent sont donc certainement très motivés par le projet. Idéal pour l’entrepreneur Pascal Chevalier, toujours à la recherche de nouveaux projets pour adapter le secteur aux nouveaux modes de consommation.  Rappelons que la stratégie consiste à faire prendre aux marques acquises le virage du numérique, comme ce fut le cas pour les marques ‘historiques’ de Reworld, digitales à 31%, contre 3% chez Mondadori France.

"Nous avons beaucoup de gens compétents qui restent et, d’autres qui ont annoncé leur arrivée. Nous avons notamment Véronique Philipponnat, qui arrive en qualité de Directrice de la rédaction de Grazia". Une référence dans le monde presse féminine, qui après un long passage chez Elle, où elle fut Directrice adjointe de la rédaction, en charge du magazine et du digital. Elle a par la suite créé une agence de communication à destination des marques du luxe. Bonne pioche. Mais les rédacteurs en chef seront à 80% issus de la promotion interne. A l’instar de Linda Bouras, promue Rédactrice en chef de Télé Star et Télé Poche, et Nicolas Bernard, promu Rédacteur en chef d’Auto Plus. Cela ne traine pas. Et Pascal Chevalier d’ajouter qu’avant la fin de l’année, chaque rédaction aura reconstitué ses équipes, et que les magazines sortiront selon le calendrier habituel.

Source : présentation des résultats semestriels de la société

Pour autant, les comptes du nouvel ensemble vont sérieusement accuser le coup sur l’exercice 2019 : les indemnités de départs devraient lester les résultats à hauteur d’une vingtaine de millions d’euros, avec un atterrissage sur 80 M€ de dette financière nette en fin d’année pour le groupe, dont 60 M€ sont issus de l’acquisition de Mondadori France (pour un prix total de 70 M€ en valeur d’entreprise).

C’est ce que retiennent les investisseurs, quelques jours après la publication de résultats semestriels en retrait. "Nous avons 1 M€ de retard au S1, mais devrions réaliser un résultat proforma 2019 proche de 2018", commente Pascal Chevalier. L’annonce de la finalisation de l’acquisition auprès du groupe Lagardère de Sports.fr et de football.fr le 1er octobre n’a pas permis d’enrayer la mécanique baissière, dans un marché boursier difficile où les petites capitalisations n’ont plus la cote.

Même un gérant comme Olivier Marinot, qui reste très convaincu par l’évolution du dossier à horizon deux ans, et qui en a fait une de ses principales positions de son fonds MCA Entreprendre PME, nous a confié regarder le titre baisser, faute de cash à investir. En attendant que la tempête passe…

Graphique Reworld Media

 

L'Auteur est actionnaire à titre personnel.