L'impact environnemental des produits sur l'ensemble de leur cycle de vie est défini par les ressources nécessaires à leur création, leur fonctionnement et la gestion de leur fin de vie. Il s'agit d'un enjeu clé à l'heure des prises de conscience environnementales, et qui varie fortement d'un produit à l'autre. La mobilisation de l'industrie pour une économie propre et circulaire est l'un des 12 axes du Pacte vert pour l'Europe présenté en décembre 2019. L'objectif majeur est de faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre, notamment en atteignant la neutralité carbone d'ici 2050. Dans ce contexte, la loi de février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage pour une économie circulaire impose un premier niveau de mesures en France.

L'objectif des pouvoirs publics, au travers de réglementations européennes et françaises, est de passer d'une économie linéaire, qui consiste à produire, consommer puis jeter, à une économie circulaire. Plusieurs possibilités existent pour ce faire, entre l'allongement de la durée de vie des produits, leur recyclage, et les processus d'écoconception. L'analyse du cycle de vie permet de comprendre l'impact environnemental des produits manufacturés du berceau à la tombe, ce qui permet d'agir sur les phases les plus émettrices de CO2. Une étude d'avril 2021 menée par la société de conseil spécialisée dans l'industrie OPEO et l'Institut National de l'Économie Circulaire (INEC) montre que 85 % des industriels français considèrent l'économie circulaire comme une opportunité économique.

L'économie circulaire dans le monde

Selon un rapport de l'organisme de promotion de l'économie circulaire basé aux Pays-Bas, Circle Economy 1, le degré de circularitédans le monde en 2020 se situait nettement sous la barre des 10 %. Dans beaucoup de pays d'Afrique, l'économie circulaire est ainsi souvent vue comme un moyen pour les pays du Nord de renforcer leur autosuffisance et de leur acheter moins de matières premières, d'après des analyses menées par la Fondation Ellen Mac Arthur. Le Rwanda, le Nigeria et l'Afrique du Sud ont donc fondé le réseau africain d'économie circulaire (ACEN), qui vise à diffuser les bonnes pratiques dans le domaine. Mais les progrès restent à ce stade très modestes.

En Asie, la Chine, le Japon et la Corée du Sud sont moteurs sur l'économie circulaire, mais les approches divergent : si la Chine encourage les technologies propres et l'écoconception, le Japon privilégie lui le recyclage et la gestion des déchets. Sur le reste du continent, c'est encore loin d'être une préoccupation majeure, selon l'organisme Circular Economy Asia, basé en Malaisie.

Aux Etats-Unis, la dynamique autour de l'économie circulaire et de ses leviers a connu un véritable coup de frein ces dernières années, comme la plupart des actions visant à verdir l'économie. Le pays de l'Oncle Sam affiche la part de consommation de plastique par habitant la plus importante (130 kg) au monde et s'impose comme le deuxième producteur de biens manufacturés à l'échelle globale, mais recycle seulement 10 % du plastique produit sur son territoire2. Pour améliorer ces taux de recyclage et plus généralement pour encourager l'adoption de bonnes pratiques dans ce domaine, le Gouvernement fédéral met en place de nouvelles lois ainsi que des programmes de financement.

Du côté des organisations internationales, l'ONU a adopté l'économie circulaire dans ses objectifs de développement durable. La Banque mondiale, le G7 et l'OCDE s'y intéressent de près.

L'Europe est avec la Chine parmi les leaders dans le développement de l'économie circulaire. En 2020, le vieux continent a adopté son deuxième plan sur l'économie circulaire, qui va plus loin dans les enjeux liés à la conception. Toutefois, il reste aujourd'hui à normaliser les actions des différents Etats pour créer un cadre commun à l'échelle européenne.

Augmenter la durée de vie des produits et en finir avec l'obsolescence programmée

L'économie circulaire englobe des enjeux multiples. L'allongement de la durée vie des produits constitue un levier majeur pour réduire leur impact environnemental. Prenons l'exemple d'un ordinateur. Son analyse de cycle de vie englobe l'extraction de matières premières, la fabrication, le transport, la distribution, l'utilisation et la gestion de sa fin de vie. La fabrication d'un ordinateur de 2 kg nécessite 600 kg de matières premières. Sur un total de 156 kg de CO2 émis sur l'ensemble de son cycle de vie, 103 kg sont générés par sa mise sur le marché et seulement 53 kg, soit un tiers, sont émis lors de sa phase d'utilisation3. Ces chiffres soulignent l'importance de l'allongement de la durée de vie des produits manufacturés.

Pour prolonger la durée de vie des produits, il faut en premier lieu pouvoir les réparer lorsqu'ils tombent en panne. Mais il convient pour cela que les produits soient réparables, ce qui n'est pas toujours le cas. Si le secteur de la réparation a été marqué par une longue phase de décroissance, il connaît aujourd'hui un fort rebond. La filière est constituée d'une multitude d'acteurs, qu'il s'agisse de fabricants de pièces détachées, de vendeurs de pièces détachées, de réparateurs indépendants et de revendeurs de produits d'occasion.

Pour les produits informatiques ou numériques, une réparation n'est pas toujours nécessaire. Une simple mise à jour logicielle ou le remplacement d'un composant obsolète permet le plus souvent d'allonger la durée de vie d'un produit à moindre coût.

Après la réparation ou d'éventuelles mises à jour, le reconditionnement constitue un levier très intéressant. Comme c'est le cas dans l'automobile ou la téléphonie, le rachat ou la récupération par des entreprises spécialisées dans le reconditionnement de produits et leur revente après réparation et mise à jour, permet de remettre sur le marché un produit quasi-neuf. De nombreux acteurs du reconditionnement émergent, pour remettre un produit sur le marché qui remplira un usage identique ou différent. Par exemple, avec le développement de l'autoconsommation, certains fabricants réutilisent les batteries de véhicules électriques en perte de puissance pour les intégrer à des solutions de stockage stationnaire pour les bâtiments.

Enfin, une bonne maintenance est un point clé pour conserver des équipements en état de fonctionnement optimal, ce qui constitue un facteur majeur de l'allongement de leur durée de vie. Prenons l'exemple d'une chaudière : si cette dernière n'est jamais détartrée ou correctement réglée, sa durée de vie sera considérablement réduite. Aujourd'hui, au-delà de la maintenance préventive, qui nécessite la planification d'actions de maintenance selon une temporalité donnée, émergent des solutions de maintenance prédictive. Des algorithmes basés sur l'intelligence artificielle sont en effet capables d'évaluer le fonctionnement des équipements et de signaler les actions de maintenance à effectuer.

Recycler les produits lorsque leur durée de vie ne peut pas être allongée

Si les produits manufacturés ne sont pas réparables, ils doivent être recyclés. Le recyclage implique deux étapes distinctes. La première consiste à collecter les équipements défectueux. La seconde, à séparer les différents matériaux qui constituent le produit afin de les valoriser.

Aujourd'hui, malgré le renforcement des réglementations française et européenne en la matière et l'augmentation constante des budgets qui y sont consacrés, 48 % des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) ménagers sont tout simplement jetés. Seuls 23 % sont réemployés4. Du côté des DEEE professionnels, le constat est encore plus sévère, avec seulement 27 % des équipements collectés5. Ces taux de collecte sont très faibles au regard de l'objectif de 85 % fixé au niveau européen. Certains équipements échappent aux éco-organismes en charge de la collecte et finissent à la poubelle, en déchetterie, chez des ferrailleurs qui par définition ne récupèrent que le métal valorisable, ou sont exportés.

Les produits manufacturés qui font l'objet d'une collecte finissent en centres de tri, où l'on sépare les différents composants qui sont ensuite valorisés en une nouvelle matière première. Pour un luminaire de type tube fluocompact, l'objectif est de découper le verre, qui est ainsi séparé du métal, tout en veillant à collecter le gaz présent dans la source.

Un nombre croissant de fabricants veille à utiliser ces matières premières secondaires (MPS)6 pour la fabrication de nouveaux produits. Elles se distinguent des matières premières extraites, par un niveau de pureté souvent bien moindre. Dans certains cas, la pureté de ces matières recyclées permet de les réutiliser, mais ce n'est pas si simple. Certains produits manufacturés, notamment des produits à haute valeur ajoutée, nécessitent des matières premières pures. Par exemple, les industriels recyclent une part très importante du métal mis sur le marché. Ces métaux ont été mélangés entre eux ou ont perdu en pureté lors de la fabrication des produits. Un débouché fréquent consiste à les fondre pour fabriquer du fer à béton, ce qui constitue une valorisation de qualité moindre.

Eco-conception et usage de matières recyclables et recyclées

Pour réduire l'impact environnemental des objets de notre quotidien, il convient de limiter l'usage de matières et de préparer les produits au recyclage, dès la phase de design. L'éco-conception est un processus de développement d'un produit qui ouvre la réflexion sur son réemploi, son recyclage et l'usage de MPS. Dans la plupart des cas, il s'agit de limiter les mélanges de matériaux et d'utiliser des matières premières recyclées, biosourcées ou recyclables.

L'éco-conception est de plus en plus utilisée par les industriels pour faire valoir leur volontarisme sur les sujets de développement durable, et constitue également un levier économique intéressant. Selon une étude menée auprès des entreprises du SBF 120, 87 % d'entre elles considèrent que le premier intérêt est économique, suivi à 61 % par l'impact positif sur leur réputation. D'autant que les consommateurs sont de plus en plus sensibles à ces enjeux. Ces sujets constituent donc un argument commercial intéressant. La prise en compte des méthodes permettant d'allonger la durée de vie des produits ou de préparer leur recyclage dès la phase de conception est une pratique à adopter plus largement. Aujourd'hui, l'un des principaux enjeux est de poursuivre la sensibilisation des industriels comme des usagers finaux pour encourager les bonnes pratiques et réduire les impacts environnementaux de leurs produits.

1Source Circular Economy : « The Circularity Gap Report 2020 - When circularity goes from bad to worse: The power of countries to change the game »

2 Source Greenpeace : « Enquête Greenpeace USA 2022 »

3 Source ADEME : « La face cachée du numérique 2021 »

4 Etude OCAD3E : Rapport de phase 2 - Modélisations et plan d'action (DEEE ménagers) - Version du 08/09/2021

5 Etude OCAD3E : Rapport de phase 3 - Modélisation et plan d'action pour les DEEE professionnels - Version du 24/09/2021

6 MPS : Déchet qui a été transformé et/ou combiné, en vue d'obtenir un produit utilisable dans les procédés de fabrication pour remplacer la matière première initiale.

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