Zurich (awp) - Le fabricant de machines textiles Rieter a profité l'année dernière d'un rebond de la demande, qui a permis au groupe winterthourois de bien garnir son carnet de commandes mais également de générer des recettes en forte hausse. La marge opérationnelle devrait signer son retour en zone bénéficiaire.

Les entrées de commandes ont plus que triplé (+248%) à 2,23 milliards de francs suisses, indique mercredi Rieter. La principale division Machines & Systems a porté cette dynamique, enregistrant une envolée de 370% à 1,71 milliard. Les progressions sont moins vigoureuses, mais demeurent solides pour Components (+75% à 296,0 millions) et After Sales (+106% à 222,1 millions).

Dans son communiqué, Rieter souligne l'effet de rattrapage et un changement régional de la demande, en raison de l'évolution des coûts en Chine. Les commandes sont venues principalement de Turquie, d'Inde, d'Amérique latine, d'Ouzbékistan, de Chine et du Pakistan. Au quatrième trimestre, les nouvelles commandes se sont élevées à 551,8 millions de francs suisses.

A fin 2021, le carnet de commandes atteignait 1,84 milliard de francs suisses, contre 560 millions douze mois auparavant.

Malgré les soucis d'approvisionnement, les recettes annuelles se sont inscrites à 969 millions de francs suisses, ce qui représente une poussée de 69%. Machines & Systems a doublé ses recettes à 590,3 millions de francs suisses. L'augmentation atteint un tiers pour Components, à 231,5 millions, et 43% pour After Sales, à 147,4 millions.

Les goulets d'étranglement devraient encore persister "au cours du premier semestre, peut-être au-delà", a affirmé le directeur général Norbert Klapper lors d'une conférence téléphonique. Aux yeux du patron de Rieter, cette situation a été gérée mieux que prévu au quatrième trimestre, ce qui a permis à l'entreprise de dépasser son objectif de recettes annuelles de 900 millions.

Attentes décoiffées

Les fluctuations de change n'ont que très peu affecté les chiffres publiés par Rieter, dont les variations des revenus et des entrées de commandes en monnaies locales sont proches de celles en francs suisses.

En termes d'entrées de commandes, Rieter a décoiffé les attentes, tout particulièrement pour celles de Machines & Systems, dont aucun analyste n'avait soupçonné l'ampleur du rebond. Les recettes s'inscrivent dans le haut de la fourchette des prévisions du consensus AWP.

La direction s'attend à une marge opérationnelle avant intérêts et impôts (Ebit) entre 4,5 et 5%, contre -14,7% en 2020. Les états financiers complets seront dévoilés le 9 mars.

Afin de compenser l'augmentation des prix des matières premières, Rieter pourrait répercuter les coûts sur ses clients. "Nous réfléchissons à de nouvelles augmentations de tarifs dans certains secteurs d'activité", a affirmé Norbert Klapper.

La Banque cantonale de Zurich se dit "très confiante" sur l'évolution du chiffre d'affaires et des résultats de Rieter ces prochains mois, regrettant néanmoins une visibilité réduite. La dynamique des recettes reste bonne, malgré les goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement et grâce à un carnet de commandes bien garni. L'action reste à "pondérer au marché", selon l'analyste Walter Bamert.

Avec un carnet d'ordres pareillement rempli, les années 2022 et 2023 s'annoncent très prometteuses, affirme Baader Helvea, qui confirme "add". L'analyste Emrah Basic appelle cependant à une certaine prudence: les expériences passées ont démontré à quel point les entrées de commandes peuvent varier. Un tel niveau de nouveaux contrats ne se maintiendra pas éternellement.

Le marché a réagi avec enthousiasme à ces chiffres non audités, le titre terminant la séance sur un bond de 6,3% à 186,60 francs suisses. L'indice SPI s'est enrobé de 1,30%.

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