Zurich (awp) - Le fabricant de machines textiles Rieter, confronté comme d'autres industriels à des difficultés d'approvisionnement, a vu ses entrées de commandes presque quadrupler sur les neuf premiers mois de l'année en rythme annuel.

De janvier à septembre, les prises d'ordres se sont élevées à 1,67 milliard de francs suisses, soit un bond de 294%, a annoncé vendredi le groupe de Winterthour. C'est largement supérieur au 1,3 milliard escompté par les analystes consultés par AWP.

La dynamique des ventes est soutenue par un effet de rattrapage, combiné à un déplacement de la demande hors du marché chinois, en raison de l'évolution des coûts dans le pays. Les commandes proviennent principalement de Turquie, d'Amérique latine, d'Inde, du Pakistan, mais aussi de Chine, détaille Rieter, qui dit profiter de son "positionnement mondial".

Sur le seul troisième trimestre, les commandes ont été multipliées par quatre à 698,6 millions de francs suisses. Au 30 septembre, le carnet de commandes totalisait 1,56 milliard de francs suisses, contre 515 millions un an plus tôt.

Goulets d'approvisionnement

Le groupe confirme viser un chiffre d'affaires "autour de" 900 millions de francs suisses pour l'année en cours, après 573 millions en 2020, qui avait vu les ventes plonger en raison de la pandémie. Si l'activité a pu bénéficier d'une "rapide reprise du marché" de janvier à septembre, l'entreprise s'attend à un "retour à la normale" progressif dans les prochains mois, tout en partant du principe que les filatures continueront de fonctionner à pleine capacité.

Rieter prévient toutefois que des goulets d'étranglement dans l'approvisionnement des matériaux et dans le fret, ainsi que l'évolution de la pandémie dans des pays importants pour le groupe font peser des risques sur la réalisation des ventes.

"Nous livrons nos machines même si certaines pièces manquent", a précisé le directeur général Norbert Klapper lors d'une conférence téléphonique. Le client peut ainsi lancer sa production. "Nous livrons, installons et complétons la machine sur place, dès que les pièces sont de nouveau disponibles".

Le groupe a déjà dû procéder à trois hausses de prix cette année d'au moins 10%. "Les clients gagnent actuellement beaucoup d'argent", a justifié le patron, car les filatures tournent à plein régime.

Pour Rolf Renders de Baader Helvea, Rieter continue de se redresser, avec près de 700 millions de francs suisses de prises d'ordres sur les trois derniers mois. Cela augure de résultats meilleurs qu'escompté pour 2022. Le consensus de 1,3 milliard de francs suisses de revenus et de 110 millions de francs suisses d'Ebit pour l'an prochain semble, à première vue, trop bas. Mais l'analyste rappelle que le groupe est vu par les investisseurs institutionnels comme évoluant dans un marché cyclique et très compétitif, souffrant de surcapacités et à la croissance limitée.

Selon la Banque cantonale de Zurich (ZKB), le carnet de commandes devrait occuper la production de Rieter jusqu'au deuxième trimestre 2023.

UBS souligne que le changement de formulation "autour de", après "plus de" 900 millions de francs suisses pour l'objectif de ventes laisse entrevoir un risque de baisse du chiffre d'affaires et du bénéfice pour 2021, même si les solides entrées de commandes suggèrent une appréciation des revenus futurs.

A la Bourse, l'action Rieter a clôturé sur un bond de 6,12% à 201 francs suisses dans un SPI en progression de 0,18%.

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