Zurich (awp) - Durement frappé par la pandémie de coronavirus en 2020, le groupe Rieter a renoué avec les bénéfices en 2021, alors que les prises de commandes ont littéralement explosé. Les actionnaires, priés de se serrer la ceinture l'année dernière pour ménager la trésorerie, devraient à nouveau percevoir leur dividende.

Sur le plan opérationnel, l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) et le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) sont repassés en territoire positif, à respectivement 85,0 et 47,6 millions de francs suisses. La marge Ebit est ressortie à 4,9%, après -14,7% un an plus tôt, précise le constructeur de machines textiles mercredi dans un communiqué.

L'évolution de la rentabilité s'est toutefois avérée fort différente selon les segments. Alors que les marges des divisions Components (pièces détachées) et After Sales (service après-vente) se sont inscrites à 9,4% et 15,2%, après respectivement -2,4% et 1,7%, celle de Machines & Systems - qui représente plus de la moitié des ventes du groupe - est restée en territoire négatif (-0,6%).

L'exercice se solde par un bénéfice net de 31,7 millions de francs suisses, contre un débours de près de 90 millions en 2020. Les actionnaires se verront proposer le versement d'un dividende de 4,00 francs suisses par action au titre de l'année écoulée, ce qui correspond à un ratio de distribution de 57%.

Dans la foulée, l'entreprise a confirmé les chiffres préliminaires dévoilés fin janvier, notamment les prises de commandes, dont le volume a plus que triplé pour atteindre un montant record avoisinant les 2,23 milliards de francs suisses.

La copie rendue par l'industriel winterthourois est peu ou prou conforme aux projections des analystes sondés par AWP.

Pour l'exercice en cours, la direction de Rieter dit s'attendre à une normalisation progressive de la demande pour les nouvelles machines, alors que celles pour les pièces détachées devrait se maintenir à un niveau élevé.

A la faveur du carnet d'ordres bien garni et de l'intégration prévue des activités rachetées à son concurrent Saurer l'année dernière, le groupe espère réaliser un chiffre d'affaires de près de 1,5 milliard de francs suisses en 2022, contre 969,2 millions pour l'exercice écoulé.

Exposition marginale à la guerre en Ukraine

Le directeur général (CEO) Norbert Klapper a assuré que le groupe n'était quasiment pas affecté directement par la guerre en Ukraine. "Ni l'Ukraine, ni la Russie, ni la Biélorussie ne sont des pays de textile", a-t-il indiqué téléconférence, ajoutant que l'entreprise n'avait que "peu de clients dans cette partie du monde".

Quant aux effets indirects, il est actuellement trop tôt pour les évaluer, a poursuivi le responsable. Les incertitudes actuelles sont aussi ce qui a incité la direction à renoncer à la formulation d'objectifs en matière de rentabilité.

En raison de la flambée des prix des matières premières, celui des nouvelles machines a augmenté de 15% en moyenne depuis le début de l'année, a fait remarquer le patron de Rieter, signalant que les clauses contractuelles permettant des ajustements tarifaires ne sont pas usuelles dans la branche et passent parfois mal auprès de certains clients.

Dans une note, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) se dit surprise de la rentabilité affichée par Machines & Systems, malgré une envolée de 70% des recettes au deuxième semestre par rapport au premier. Le succès des pièces détachées pourrait être dû aux ventes à des concurrents, croit savoir l'établissement.

Les chiffres du jour ont été plutôt bien accueillis par le marché. Après avoir atteint 155,00 francs suisses (+7,6%) dans les premiers échanges, la nominative Rieter s'enrobait de 2,2% à 147,20 francs suisses à 11h45, sous-performant la moyenne du marché (SPI), en hausse de 2,77%.

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