Sydney (awp/afp) - Le géant minier australien Rio Tinto a publié mardi un rapport interne accablant, révélant que les agressions sexuelles, le harcèlement et la discrimination raciale sont monnaie courante "dans toute l'entreprise".

Ce rapport de 85 pages, basé sur des informations recueillies auprès de 10'000 employés pendant huit mois, dépeint un harcèlement "systémique" au sein de l'entreprise, et un racisme "courant", tout en affirmant que le harcèlement sexuel s'y produit "à des taux inacceptables".

Le document décrit une culture d'entreprise toxique, dominée par des hommes blancs, au sein duquel les employées subissent de manière systématique un harcèlement, souvent à caractère sexuel: demandes de fellation, sifflements, et nécessité de tenir une liste de collègues masculins à éviter en soirée.

La direction a ouvert cette enquête après une série de plaintes et de scandales - parmi lesquels le démantèlement d'un ancien site aborigène en Australie occidentale pour agrandir une mine de fer.

Vingt et une femmes ont signalé avoir subi un viol ou une agression sexuelle ou avoir fait l'objet d'une tentative de viol ou d'agression sexuelle au cours des cinq dernières années, et un tiers d'entre elles ont déclaré avoir été harcelées, selon l'autrice Elizabeth Broderick, anciennement commissaire à la discrimination sexuelle en Australie.

"Le harcèlement est systémique", vécu "par près de la moitié des répondants à l'enquête", conclut le rapport.

D'autres employés de Rio Tinto ont fait état d'un racisme généralisé dans ce qu'ils décrivent comme une entreprise "à orientation caucasienne".

"J'ai été victime de racisme dans tous les recoins de cette entreprise", a déclaré un répondant.

Le patron Jakob Stausholm a déclaré que les conclusions du rapport étaient "profondément troublantes".

"Je présente mes excuses les plus sincères à chaque membre de l'équipe, ancien ou présent, qui a souffert à cause de ces comportements. Ce n'est pas le genre d'entreprise que nous voulons être", a-t-il assuré.

Rio a tenté d'améliorer son image publique ces dernières années, en annonçant des plans visant à réduire de 50% les émissions directes de carbone d'ici à 2030 et en promettant de remédier à une culture d'entreprise toxique.

La révélation, en 2020, que Rio Tinto avait fait exploser des caves de la gorge de Juukan dans la région de Pilbara en Australie occidentale, avait déclenché un tollé au sein de l'opinion publique et des investisseurs, conduisant le PDG de l'époque, Jean-Sébastien Jacques, et deux cadres supérieurs à démissionner.

afp/jh