BELGRADE (awp/afp) - Des milliers de manifestants ont bloqué de grandes routes samedi en Serbie, où la colère monte contre le projet soutenu par le gouvernement d'autoriser le géant minier Rio Tinto à extraire du lithium dans ce pays des Balkans.

Des manifestants ont envahi une autoroute et un pont reliant la capitale Belgrade à ses banlieues périphériques en scandant des slogans antigouvernementaux pendant que certains brandissaient des pancartes critiquant le projet de mine.

De plus petites manifestations ont eu lieu dans d'autres villes et de petites escarmouches ont eu lieu à Belgrade et à Novi Sad entre opposants et partisans du projet, selon la presse locale.

"Ils autorisent les sociétés étrangères à faire ce qu'elles veulent dans notre pays", a dénoncé Vladislava Cvoric, un économiste de 56 ans, qui a manifesté dans la capitale.

La star du tennis serbe Novak Djokovic a partagé sur Instagram une photo de la manifestation accompagnée du commentaire suivant : "l'air pur, l'eau et la nourriture sont les clés de la santé".

"Sans cela, chaque mot sur la 'santé' est obsolète", a-t-il ajouté.

Des manifestations avaient déjà été organisées la semaine dernière. Des hommes masqués s'en étaient pris à un rassemblement à Sabac (ouest), suscitant l'indignation dans les medias sociaux et des accusations selon lesquelles le gouvernement utilisait des hooligans pour réprimer le mouvement.

D'importants gisements de lithium, un composant essentiel pour les batteries de voitures, ont été découverts près de Loznica (ouest), où la société anglo-australienne a commencé à acheter des terres mais attend le feu vert de l'Etat pour commencer leur exploitation.

Rio Tinto a découvert des gisements dans cette région en 2006.

La société projette d'investir 2,4 milliards de dollars dans le projet, selon Vesna Prodanovic, le directeur de Rio Sava, la société soeur de Rio Tinto en Serbie.

Le président serbe Aleksandar Vucic a été très critiqué pour ce projet, son administration étant accusée d'ouvrir la voie à des appropriations de terrains illégales et de mettre de côté les préoccupations environnementales mises en avant par les militants.

Les manifestations interviennent quelques mois avant de probables élections nationales l'an prochain, les opposants aux mouvements de protestation accusant leurs organisateurs de susciter la polémique pour affaiblir M. Vucic et son administration.

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