Bâle (awp/ats) - Un ancien employé de Roche a escroqué le groupe pharmaceutique bâlois pour 10,07 millions de francs suisses en 2017 avec la complicité d'un homme d'affaires. Il a déjà purgé sa peine de manière anticipée. Tous deux ont avoué les faits. Ils comparaissent le 9 août prochain devant la Cour pénale de Bâle-Ville dans le cadre d'une procédure accélérée.

Selon l'acte d'accusation, les deux hommes doivent répondre d'escroquerie par métier, de blanchiment d'argent par métier et de faux dans les titres. Entre janvier et août 2017, Roche a versé 10 millions de francs suisses sur un compte à Singapour, sur la base de 86 fausses factures envoyées par les deux escrocs.

Toute sa carrière chez Roche

Principal responsable de cette escroquerie, le Bâlois âgé de 50 ans a travaillé pour le groupe durant une trentaine d'années. Il y a même fait son apprentissage avant de gravir progressivement les échelons de la hiérarchie. Au moment de son licenciement avec effet immédiat en 2018, il y travaillait comme cadre spécialiste des acquisitions, rémunéré avec un salaire mensuel de 11'000 francs suisses.

En 2016, il a rencontré un homme d'affaires français à travers son épouse. Ce dernier était déjà impliqué dans des affaires financières douteuses, selon l'acte d'accusation. Le Bâlois et le Français sont tombés d'accord: leur but était de détourner de l'argent au détriment de Roche.

Large part pour l'homme d'affaires

Dans les fausses factures adressées à Roche, le cadre mentionnait de prétendus transports de médicaments de Singapour à Bâle, qui avaient réellement été commandés par l'entreprise et dont il connaissait le coût approximatif par expérience. De plus, il a ouvert un compte créditeur à Singapour au nom presque identique à celui appartenant au véritable partenaire commercial de Roche.

Résultat: les employés de la division des finances du groupe Roche ont cru avoir affaire aux factures d'un fournisseur régulier. Ils ont payé les fausses factures sur le compte indiqué à Singapour. De là, l'homme d'affaires français a réparti l'argent escroqué sur plusieurs autres comptes bancaires à travers le monde. Il s'en est servi pour son train de vie et pour des projets de ses sociétés privées.

Le cadre de Roche s'est, lui, fait verser 1,5 million de francs suisses sur le compte d'une société anonyme qu'il a fondée à Bâle. Il en a dépensé 700'000 francs suisses pour des vacances, des factures de cartes de crédit et du mobilier.

La supercherie a été découverte en automne 2017 suite à des contrôles internes, avant que 27 fausses factures supplémentaires d'un montant total de 3,8 millions de francs suisses ne soient réglées. Une autre série de 29 fausses factures pour un total de 2,7 millions d'euros est, elle aussi, restée impayée.

Environ trois et quatre ans de prison

Le Ministère public réclame 3 ans et 3 mois de prison contre l'ancien cadre de Roche. Il a déjà purgé cette peine de manière anticipée et se trouve en liberté depuis février 2020.

Une peine de 4 ans et 3 mois de prison est requise contre l'homme d'affaires français. Incarcéré en Espagne puis extradé vers la Suisse, il séjourne dans une prison bâloise depuis avril dernier. Après avoir purgé sa peine, il sera, en principe, expulsé de Suisse durant 10 ans,

Tous deux devront indemniser Roche par une somme dépassant de 5%, à titre d'intérêts, les 10,07 millions de francs suisses escroqués. Les standards de sécurité de Roche en matière de paiements de factures ont entretemps été optimisés, précise à Keystone-ATS un porte-parole du groupe.

ats/rp