Zurich (awp) - Le géant pharmaceutique et du diagnostic Roche a renoué avec la croissance sur les six premiers mois de l'année. La multinationale rhénane a une nouvelle fois dû compter sur son unité Diagnostics - particulièrement sollicitée dans le cadre de la lutte contre la pandémie - pour surcompenser le manque à gagner creusé par l'impact des biosimilaires et des changements de comportement des patients sur les recettes son unité Pharmaceuticals.

L'engouement pour les tests Covid-19, qui ont généré à eux seuls 2,5 milliards de francs suisses, risque d'avoir atteint son apogée en première moitié d'année et de se replier dès la seconde, prévient toutefois la direction. A l'inverse, les recettes pharmaceutiques ont commencé à redresser la barre entre avril et fin juin, assure le compte-rendu à mi-parcours diffusé jeudi.

La croissance semestrielle a atteint 5%, ou 8% hors effets de changes, pour un chiffre d'affaires de 30,71 milliards. Les recettes de Diagnostics ont explosé de près de moitié à 9,04 milliards, quand celles des activités pharmaceutiques se sont contractées de 7% à 21,67 milliards.

Les biosimilaires lézardent les recettes pharmaceutiques

L'impact des biosimilaires sur les moteurs de ventes vieillissants a pesé dans la balance. Les contributions de l'Avastin, de l'Herceptin et du Mabthera/Rituxan ont fondu de 35% à 41%, creusant un fossé total de 2,8 milliards. La progression marquée des lancements récents tels l'Hemlibra (+45%), l'Ocrevus (+23%) ou le Tecentriq (+29%) n'a compensé le phénomène qu'à hauteur de 2,6 milliards.

L'impact de la pandémie est devisé à 9%. Le directeur général (CEO) Severin Schwan a indiqué en téléconférence de presse que les activités oncologiques notamment demeuraient affectées par la crise sanitaire, avec de grandes disparités régionales. "Dans certains pays où les campagnes de vaccination sont bien avancées, le rétablissement est nettement plus avancé que dans des pays en voie de développement", a constaté le dirigeant austro-germano-helvétique.

Sur le plan de la rentabilité, l'excédent opérationnel apuré de tout élément jugé exceptionnel (Ebit de base) s'est établi à 11,65 milliards. Déduction faite d'une charge fiscale de 1,67 milliard, le bénéfice net s'est érodé de 3% à 8,2 milliards, mais se serait enrobé de 2% sans le jeu des variations monétaires.

La performance comble ainsi les attentes moyennes des analystes consultés par AWP, qui articulaient un chiffre d'affaires de 30,03 milliards, dont 21,37 pour l'unité Pharmaceuticals et 8,67 milliards pour Diagnostics. L'Ebit de base devait était attendu autour de 11,76 milliards.

Ambitions modérées reconduites

La direction laisse toujours entrevoir une croissance hors effets de change dans une fourchette de 1 à 5% pour 2021, nonobstant un impact persistant des biosimilaires. Le bénéfice par bon de jouissance de base doit suivre une progression similaire et les actionnaires pourront compter sur une nouvelle augmentation de leur rémunération.

Les analystes accueillent dans l'ensemble une performance quelque peu supérieure au fruit de leurs modélisations, tant du côté de Diagnostics que de Pharmaceuticals. Ce léger mieux est toutefois largement attribué à un "effet Covid" que tous espèrent éphémère, alors que la concurrence des biosimilaires risque de peser encore pendant quelque temps.

Ce phénomène continue à grever sérieusement les recettes, mais à un rythme désormais convenu, note à cet égard Stefan Schneider, de Vontobel. L'analyste de la banque de gestion zurichoise y perçoit un signe encourageant, l'érosion s'étant jusqu'ici avérée plus sévère que pronostiqué.

A la Bourse suisse, le bon de jouissance Roche a chuté de 3,6% à 343,05 francs suisses, lanterne rouge d'un SMI en retrait de 0,37%.

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