Zurich (awp) - Le laboratoire Roche s'est de justesse maintenu sur la voie de la croissance l'an dernier, nonobstant le tassement confirmé des recettes tirées des dispositifs de tests et de médicaments dans la franchise Covid-19. La direction prévient toutefois que l'évaporation de ces revenus doit entraîner le mastodonte pharmaceutique sur le chemin de la décroissance sur l'exercice en cours.

Le chiffre d'affaires a grappillé 1% (2% à taux de changes constants) en 2022 pour s'établir à 63,28 milliards de francs suisses.

Les ventes de tests Covid-19 se sont affaissées à 4,1 milliards de francs suisses, contre 4,7 milliards un an auparavant, quand celles de l'Actemra/Roactemra ou du Ronapreve dans cette indication ont reculé d'un demi-milliard. La concurrence de versions biosimilaires des principaux moteurs de ventes a, elle, généré un manque à gagner de 1,9 milliard.

La principale unité Pharma a toutefois étoffé sa contribution de 1% à 45,55 milliards, grâce notamment à un apport supplémentaire de plus de 3 milliards des principaux piliers de croissance que constituent l'Ocrevus contre la sclérose en plaques, l'Hemlibra contre l'hémophilie, le Vabysmo en ophtalmologie, l'Evrysdi contre l'amyotrophie spinale et le Tecentriq en oncologie.

Diagnostics tient le choc

Diagnostics, sous les projecteurs depuis l'éclatement il y a trois ans de la pandémie, a maintenu son écot à 17,73 milliards grâce au rétablissement des activités traditionnelles, souligne le compte-rendu diffusé jeudi.

Sur le front de la rentabilité, l'excédent d'exploitation (Ebit) ajusté a grignoté 1% à 22,17 milliards, mais le bénéfice net a trébuché de 9% à 13,53 milliards, sous l'effet de dépréciations d'actifs, ainsi que d'une hausse des charges d'intérêts et fiscale. Les actionnaires se verront néanmoins proposer un dividende de 9,50 francs suisses par bon de jouissance, contre 9,30 francs suisses perçus au titre de 2021.

La performance manque de peu, mais à tous les échelons, la moyenne des projections formulées par les analystes consultés par AWP.

Les premières perspectives brossées pour l'année en cours comprennent un tassement de 1 à 5% des revenus comme du bénéfice par titre ajusté hors effets de change. Les revenus de la franchise Covid-19 doivent notamment s'évaporer d'environ 5 milliards, tandis que le manque à gagner attribuables aux biosimilaires est devisé à 1,6 milliard.

Ce double handicap "laisse augurer la perte d'un dixième de notre chiffre d'affaires", a calculé devant la presse le directeur général sortant et président pressenti Severin Schwan. L'essor des nouveaux produits doit néanmoins en atténuer les symptômes.

Les actionnaires devraient quoi qu'il en soit à nouveau profiter d'une amélioration de leur rémunération.

Gouffre à combler

Partagés quant à l'attrait du titre Roche à plus ou moins brève échéance, les analystes s'accordent pour considérer que Roche se trouve dans une délicate phase de transition. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) s'inquiète ainsi d'une feuille de route pour 2023 sensiblement moins optimiste qu'escompté. Vontobel pour sa part relève que les 5 milliards de manque à gagner évoqués dans le domaine Covid-19 représente l'ensemble des activités de Roche en la matière l'an dernier.

Oddo BHF évoque un passage délicat pour le béhémoth pharmaceutique, qui va devoir compenser un colossal manque à gagner de quelque 9 milliards de francs suisses entre 2023 et 2026 pour espérer renouer avec la croissance.

A la Bourse suisse, les investisseurs n'ont guère apprécié: le bon de jouissance Roche a fini en recul de 2,0% à 273,85 francs suisses, dans un SMI en baisse de 0,11%.

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