MOSCOU, 21 juin (Reuters) - Les Big Macs et les McFlurrys ne
sont plus au menu des anciens restaurants McDonald's en Russie,
mais son successeur, "Vkusno & tochka", s'est fixé des objectifs
de croissance ambitieux après avoir vendu un nombre record de
hamburgers le jour de son ouverture, a déclaré son directeur
général à Reuters.
McDonald's s'est entièrement retiré de Russie, en
vendant en mai tous ses restaurants à l'un de ses franchisés
locaux. Sous le nouveau nom de "Vkusno & tochka", ou "Savoureux
et c'est tout" ("Tasty & that's it"), 50 restaurants à Moscou et
dans les environs de la capitale russe ont rouvert leurs portes
les 12 et 13 juin.
Le directeur général Oleg Paroev souhaite ouvrir de nouveaux
sites, mais reconnaît que remplacer des ingrédients et des
fournisseurs constitue un véritable défi, ainsi que le
traitement des autres franchisés utilisant encore la marque
McDonald.
La saga du départ de McDonald's est révélatrice des
difficultés que rencontrent les entreprises occidentales ayant
rompu tout lien avec la Russie après l'invasion de l'Ukraine et
que rencontrent aussi les opérateurs locaux de remplacer des
marques populaires.
Les milliers de personnes qui se sont rendues à l'ouverture
de "Vkusno & tochka" sur la place Pouchkine à Moscou ont été
accueillies par un nouveau logo, une nouvelle palette de
couleurs et des emballages dépourvus de toute référence à
McDonald's, la nouvelle société ayant perdu le droit aux marques
et à la propriété intellectuelle du groupe américain.
"Le premier jour, nous avons vendu près de 120.000
hamburgers", a déclaré Oleg Paroev. "Nous n'avons jamais vu un
tel chiffre d'affaires quotidien depuis que McDonald's travaille
en Russie".
Si Oleg Paroev ne s'attend pas à voir une telle demande
durer, il entend dépasser l'objectif de croissance fixé par le
nouveau propriétaire Alexander Govor et ce, avant le délai
prévu. Ce dernier compte atteindre 1.000 restaurants d'ici
quatre à cinq ans, contre environ 850 ouverts auparavant sous
l'enseigne McDonald's.
Les recrutements se poursuivent, a ajouté Oleg Paroev, qui
souhaite également étendre la coopération avec son partenaire
stratégique, la Sberbank, tout en excluant un rôle
d'actionnaire pour la première banque russe.
Alexander Govor, qui dirigeait précédemment 25 restaurants,
a déclaré lors du lancement qu'il avait payé une somme
"symbolique" pour McDonald's Russie et que l'entreprise
américaine avait clairement indiqué ne pas vouloir exercer une
option de rachat dont elle bénéficie pour une durée de 15 ans.
Oleg Paroev estime toutefois que McDonald's pourrait revenir
en Russie si "Vkusno & tochka" redevenait franchisé, mais a
souligné qu'il n'y avait eu aucune discussion à cet effet.
McDonald's a pour sa part déclaré dans un communiqué avoir "
finalisé la vente de ses activités en Russie et s'être retiré du
marché".
Certains anciens franchisés de McDonald's en Russie ont
conservé la marque sur les emballages et proposent des Big Macs
sous un autre nom, posant ainsi des difficultés à "Vkusno &
tochka".
Bien que l'utilisation de la marque McDonald's constitue une
violation de la législation russe, "Vkusno & tochka" ne peut
engager aucune action en justice par manque de droits sur la
marque, a expliqué Oleg Paroev.
"Vkusno & tochka" a également proposé à d'anciens franchisés
de rejoindre la nouvelle enseigne, a indiqué Oleg Paroev,
précisant que l'un d'eux avait déjà accepté.
La nouvelle enseigne tient à maintenir la qualité de ses
produits, a-t-il ajouté, mais il reconnaît que conserver un goût
familier reste un défi.
Même si 99% de ses produits proviennent de fournisseurs
russes, une "quantité significative" d'ingrédients est importée
de l'étranger, a déclaré Oleg Paroev, un processus compliqué par
les sanctions et les perturbations dans les chaînes
d'approvisionnement.
La marque cherche également un nouveau fournisseur de
boissons, Coca Cola étant sur le point d'épuiser son
stock en Russie, a dit Oleg Paroev.
Il a ajouté que les recettes seront également modifiées,
conformément à ce qui a été convenu avec McDonald's.
(Reportage Reuters; version française Dagmarah Mackos, édité
par Matthieu Protard)