Genève (awp) - Le géant genevois des arômes et parfums Firmenich et le spécialiste néerlandais de la nutrition DSM vont fusionner pour former l'an prochain le groupe DSM-Firmenich. La nouvelle entité, qui entend devenir leader de la nutrition, de la beauté et du bien-être, aura son siège principal à Kaiseraugst, dans le canton d'Argovie, et ses actions seront cotées à la Bourse d'Amsterdam.

A la création du nouvel ensemble, les actionnaires de DSM détiendront au total 65,5% de DSM-Firmenich, contre 34,5% pour les actionnaires de Firmenich, soit essentiellement la famille Firmenich, selon un communiqué publié mardi. Les actionnaires du groupe genevois recevront en outre 3,5 milliards d'euros (3,6 milliards de francs suisses) en espèces. Le calendrier prévoit une fusion effective au premier semestre 2023.

Il s'agit d'une "fusion entre égaux", ont insisté mardi en conférence de presse Geraldine Matchett, co-directrice générale de DSM, et Gilbert Ghostine, directeur général de Firmenich. Les membres de la famille Firmenich entendent rester actionnaires à long terme de la nouvelle entité, a précisé M. Ghostine.

Geraldine Matchett et Dimitri de Vreeze, actuellement co-directeurs généraux de DSM, seront nommés co-directeurs généraux de la nouvelle entité. Quant à Gilbert Ghostine, il accompagnera le processus de fusion et prendra sa retraite en 2023. Le processus d'intégration sera piloté par Emmanuel Butstraen, directeur de la division arômes de Firmenich.

Quant aux autres postes de direction, les nominations seront annoncées en temps voulu, a indiqué Mme Matchett. Un équilibre entre les membres issu de Firmenich et de DSM sera respecté, a-t-elle promis.

En 2021, les deux entreprises ont réalisé un chiffre d'affaires cumulé de 11,4 milliards d'euros, a indiqué lors de la conférence de presse Dimitri de Vreeze. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté, toujours sur la base de 2021, est de 2,2 milliards. Les deux entreprises réunies ont investi la même année quelque 700 millions dans la recherche et le développement.

Les sites genevois préservés

Les trois sites de production genevois de Firmenich, actifs dans les ingrédients, les arômes et les parfums, ne seront pas touchés par cette fusion, a souligné M. Ghostine. Ceux-ci seront appelés à jouer un rôle de premier plan au sein de la nouvelle entité, dans la division arômes et parfums, et ce aussi bien pour la production que la recherche et le développement, a-t-il insisté.

Le conseil d'administration de DSM-Firmenich sera présidé par Thomas Leysen, actuel président du conseil de surveillance de DSM, tandis que le fauteuil de vice-président sera occupé par Patrick Firmenich, aujourd'hui président de Firmenich. Le conseil, qui sera sous gouvernance suisse, comprendra quatre membres issus de Firmenich et sept issus de DSM, ainsi qu'un dernier administrateur indépendant.

DSM-Firmenich aura un double siège social en Suisse, à Kaiseraugst, et aux Pays-Bas, à Maastricht. La nouvelle entité regroupera les compétences de Firmenich dans le domaine des parfums et des arômes avec celles de DSM dans la santé et la nutrition.

Sur la base des résultats de 2021, le chiffre d'affaires des quatre unités que comprendra le groupe est de 3,3 milliards d'euros pour parfumerie et beauté, de 2,7 milliards pour alimentation, boissons et arômes, de 2,2 milliards pour santé, nutrition et soins et de 3,3 milliards pour nutrition et santé animales.

A moyen terme, DSM-Firmenich entend réaliser une croissance organique des ventes de 5% à 7% par an, avec une marge Ebitda ajustée de 22-23%. La quote-part de distribution du bénéfice ajusté doit s'inscrire entre 40 et 60%.

Le rapprochement devrait permettre la réalisation de synergies récurrentes avant impôts d'environ 350 millions d'euros par an d'ici 2026. Quant au bénéfice par action, il devrait croître à un taux à deux chiffres.

L'opération est hautement complémentaire: c'est une opération gagnant-gagnant, indique Jean-Philippe Bertschy, analyste de Vontobel. La co-directrice générale Geraldine Matchett, ancienne directrice financière de SGS, jouit d'une excellente réputation sur le marché suisse, ajoute-t-il. La consolidation du secteur se poursuit et celui-ci est attractif.

Le modèle de Firmenich était solide mais quelque peu "démodé", indique-t-on chez Mirabaud Banque. L'entité combinée, avec son large portefeuille de produits, ne devrait pas avoir un quelconque avantage sur Givaudan ou Symrise, note l'analyste. Un avis que ne partage pas Daniel Bürki, de la Banque cantonale de Zurich: "avec la nouvelle entité apparaît un acteur puissant qui concurrencera Givaudan dans de nombreux domaines", écrit-il.

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