Francfort (awp/afp) - Le géant allemand de la chimie BASF et l'énergéticien RWE ont annoncé vendredi vouloir investir 4 milliards d'euros (4,4 milliards de francs suisses) pour alimenter en électricité verte le site chimique de Ludwigshafen, très gourmand en CO2, un projet phare, selon eux, destiné à mieux préserver l'environnement.

Leur projet vise pour l'essentiel à ériger d'ici 2030 un nouveau parc éolien offshore en Mer du Nord, d'une capacité de 2 gigawatts (GW), ce qui permettra d'alimenter directement le plus gros site chimique de BASF, situé au sud de Francfort.

Cette énergie servira également à la production d'hydrogène issue de ressources renouvelables, ont annoncé les deux groupes lors d'une conférence de presse.

De quoi éviter environ 3,8 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an, dont jusqu'à 2,8 millions de tonnes directement chez BASF à Ludwigshafen, qui en émet 8 millions par an actuellement.

L'objectif est d'électrifier sur ce site les processus de production de produits chimiques de base qui nécessitent aujourd'hui de brûler de grandes quantités de combustibles fossiles.

Des fours de vapocraquage seraient par exemple chauffés électriquement pour la production de produits pétrochimiques et non plus alimentés en gaz.

Une partie de l'électricité décarbonée produite en Mer du Nord servira aussi à la production d'hydrogène via un électrolyseur, permettant d'économiser un million de tonnes de CO2.

BASF s'est fixé comme objectif de réduire ses émissions mondiales de CO2 de 25% d'ici 2030 par rapport à 2018 et il s'agit maintenant d'"appuyer sur le tube", selon son patron Martin Brudermüller.

"Le couplage d'un nouveau parc éolien offshore à un client industriel tel que BASF (...) serait une nouveauté pour l'Allemagne", a quant à lui avancé Markus Krebber, PDG de RWE.

Les deux industriels entendent financer leur projet sans l'aide de subventions publiques mais posent comme condition un "cadre réglementaire" adéquat pour le réaliser.

En clair, les industriels suggèrent aux pouvoirs publics d'avancer le calendrier d'appels d'offres pour des parcs éoliens offshore réservés à des projets de transformation industrielle mais qui ne sont pas programmés avant 2030. Ils plaident en outre pour que l'électricité verte soient exemptées de la contribution dite "EEG" payés par les Allemands en soutien au développement des renouvelables.

afp/al