Le ministre de l'Economie et des Finances, Jean-Marc Ayrault, a annoncé mercredi que le projet de construction de deux nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) à l'est de l'île de Rügen avait été lancé, en dépit des protestations de la population et de l'opposition du gouvernement régional. Un porte-parole du groupe énergétique RWE (Essen) a indiqué dimanche qu'il s'agissait "uniquement de travaux de reconnaissance". Celles-ci ont été autorisées par l'Office des voies navigables et de la navigation de la mer Baltique.

Le ministère de l'Environnement à Schwerin s'est montré surpris. Selon lui, en raison de la période de frai, tous les travaux dans la zone côtière, considérée comme la nurserie du hareng, devraient être suspendus jusqu'en mai. De plus, le Land insiste auprès de l'Etat fédéral pour qu'il abandonne les plans actuels pour Rügen.

Le gouvernement allemand souhaite compenser l'interruption des livraisons de gaz russe suite à la guerre en Ukraine par l'installation de terminaux flottants de GNL en mer du Nord et en mer Baltique. Le premier terminal a été mis en service à Wilhelmshaven (Basse-Saxe) et un autre, financé par le secteur privé, à Lubmin, en Poméranie occidentale.

Après un soutien initial, le gouvernement rouge-rouge du Land de Schwerin, effrayé par une vive opposition sur l'île de Rügen, s'oppose désormais à la construction de nouveaux terminaux prévue par l'Etat fédéral à environ cinq kilomètres de la station balnéaire de Sellin. Vendredi dernier, la ministre-présidente Manuela Schwesig (SPD) a renforcé ses critiques et demandé des alternatives. Elle a également déclaré que le gouvernement fédéral devait d'abord clarifier la question de savoir si des terminaux supplémentaires au large de Rügen étaient encore nécessaires. Les associations environnementales répondent par la négative.

Comme l'a souligné le porte-parole de RWE, les travaux actuels ont lieu dans le cadre du projet "Ostsee LNG", qui est mis en œuvre par RWE en tant que prestataire de services pour le compte du gouvernement fédéral. Deux navires spéciaux sont utilisés pour les travaux d'exploration. "Il est d'usage que les projets offshore fassent l'objet d'un examen préalable minutieux de la nature du sol et du sous-sol. Cela comprend également la vérification de la présence éventuelle d'anciennes munitions de la Seconde Guerre mondiale encore enfouies dans le sol", a indiqué le communiqué.

Selon la Deutsche Umwelthilfe (DUH), la plate-forme de travail offshore "JB119" était arrivée samedi au large de Sellin. De plus, la drague "Swarog" serait active dans les eaux côtières et aurait déjà été utilisée à plusieurs reprises pour la recherche de munitions. La DUH a indiqué qu'elle avait ensuite déposé un recours contre les travaux auprès du service des mines compétent de Stralsund.

Selon les plans actuels, deux terminaux flottants de gaz naturel liquéfié doivent être installés dans la mer Baltique au large de Sellin. Le gaz naturel liquéfié livré par bateaux-citernes doit y être reconverti en gaz et transporté vers Lubmin sur le continent par un gazoduc qui doit encore être posé à travers le Greifswalder Bodden. Lubmin, ancien point de débarquement du gaz russe provenant du gazoduc Nord Stream 1 en mer Baltique, est déjà relié au réseau de distribution européen. Deutsche Regas y exploite déjà un terminal GNL depuis la mi-janvier./fp/DP/nas