Bruxelles (awp/afp) - La baisse du pouvoir d'achat sur fond d'inflation galopante nourrit la contestation à travers l'Europe, avec des grèves nationales mercredi en Belgique et en Grèce ainsi que des syndicats mobilisés à Paris et Londres où les transports pourraient être fortement perturbés jeudi.

"La cherté de la vie est insupportable", pouvait-on lire sur une grande affiche placardée dans Athènes par le plus grand syndicat grec, la Confédération des salariés du privé.

En France, la puissante Confédération générale du travail (CGT) a de nouveau appelé à faire grève et manifester jeudi, se greffant sur une journée de mobilisation prévue de longue date dans les transports parisiens avec comme objectif "zéro métro, zéro RER" (Réseau express régional).

Au Royaume-Uni, les regards étaient tournés mercredi vers un grand syndicat d'infirmiers, le Royal College of Nursing, qui soumettait au vote de ses membres un appel à la première grève nationale en plus d'un siècle d'existence.

Et si les conducteurs de train ont renoncé à une nouvelle grève, privilégiant une poursuite des négociations sur les salaires, ceux du métro londonien devraient débrayer jeudi, mettant à rude épreuve les "commuters" britanniques.

Partout la principale revendication est la même: aux yeux des syndicats, les salaires actuels ne permettent pas de faire face à l'augmentation brutale du coût de la vie.

Dans la zone euro, l'inflation a encore accéléré en octobre à un nouveau record (+10,7% sur un an), tirée par la flambée persistante des prix de l'énergie (+41,9%). Pour l'alimentation, le tabac et l'alcool, les prix ont grimpé de 13,1%.

A Athènes, comme à Bruxelles, services publics et entreprises étaient affectés mercredi par une journée de grève nationale.

En Grèce, aucune liaison maritime n'était assurée entre le continent et les îles de la mer Egée (Est) et Ionienne (Ouest) en raison de la participation du syndicat des marins (PNO) à la grève, la deuxième depuis le début de l'année contre la baisse du pouvoir d'achat.

20.000 manifestants à Athènes

L'inflation a dépassé la barre de 10% lors des six derniers mois dans ce pays, et même atteint 12% en septembre sur un an. Le prix du gaz a quant à lui plus que quadruplé (+332%).

Scénario similaire en Belgique, où la hausse des prix est supérieure à la moyenne de la zone euro (plus de 12% en octobre sur un an) et où le gouvernement se voit reprocher son refus de plafonner les prix de l'électricité comme en France.

La Fédération générale du travail de Belgique (FGTB), premier syndicat de Belgique et moteur de la contestation, a aussi appelé à "modifier de toute urgence la loi sur la norme salariale", qui fixe un cadre jugé bien trop contraignant dans les négociations nationales sur les salaires avec le patronat.

"On demande de pouvoir négocier des augmentations salariales là où c'est possible", a fait valoir à l'AFP François Reman, porte-parole du syndicat chrétien Confédération des syndicats chrétiens (CSC), citant les secteurs de la finance, de l'énergie et de la chimie.

Le patronat répond que la compétitivité des entreprises est déjà menacée par les coûts de l'énergie. Le Premier ministre belge Alexander De Croo a appelé les syndicats à "montrer un peu d'empathie avec les employeurs qui paient" ces factures.

Ce libéral flamand a aussi rappelé que les salariés belges bénéficient de rémunérations indexées sur l'inflation, ce qui est à ses yeux "un système de protection unique dans le monde".

Côté transports, outre le trafic ferroviaire réduit de 75%, la grève a entraîné la fermeture pour la journée d'un aéroport en Belgique, à Charleroi, le principal hub continental de la compagnie irlandaise Ryanair.

A Bruxelles, les syndicats ont préféré multiplier les "piquets de grève" plutôt que d'organiser un grand défilé. A l'inverse d'Athènes où une manifestation a rassemblé dans la matinée près de 20.000 personnes selon la police.

afp/lk