Ses performances opérationnelles et financières surclassent nettement celle d'easyJet, en difficulté chronique, ainsi que celles de Wizz Air, son plus jeune concurrent d'Europe de l'Est — seul marché qui recèle encore un réel potentiel de croissance sur le Vieux Continent, en plus d'offrir l'accès à un personnel de bord moins cher.

Ryanair continue de grignoter des parts de marché aux compagnies traditionnelles, même si cette progression s'érode de plus en plus. Mais le fait le plus remarquable, hors épisode pandémique, est que le groupe irlandais génère d'authentiques profits — ou free cash-flows — là où ses grands concurrents restent d'indécrottables incinérateurs de cash.

Le chiffre d'affaires fait plus que doubler sur la dernière décennie, de €4.8 à €10.8 milliards. Les résultats de l'exercice fiscal 2023, publiés hier, marquent un record de probabilité pour Ryanair, qui génère génère un free cash-flow de presque €2 milliards. Du jamais vu dans le transport aérien européen !

Après l'hiver nucléaire de la pandémie, le nouveau cycle s'amorce donc sous de bons auspices. Le groupe de Michael O'Leary entend transporter 300 millions de passagers dans dix ans, soit presque deux fois plus qu'aujourd'hui, et vient à cette fin de passer une méga-commande de 300 nouveaux appareils à Boeing. 

Le signal lancé est très fort, bien que le consensus des analystes s'accorde à douter que Ryanair puisse maintenir son étonnant taux de croissance lorsque sa flotte comptera 600 appareils. Après tout, il n'y a pas de raison que le groupe échappe à la loi des retours décroissants. 

Le légendaire O'Leary, fidèle à lui-même, s'est fendu d'une réponse aux petits oignons à l'attention de ces derniers : les objectifs sont parfaitement atteignables si sa compagnie "ne fait rien de stupide, à l'instar de tous ses concurrents." Les intéressés apprécieront !

Ryanair a éliminé son endettement au fil des derniers mois. Dans la tradition de gestion du groupe, on s'attend à voir un programme de rachats d'actions lancé dans le courant des prochaines semaines, ou peut-être après la saison estivale. 

Les résultats annuels publiés hier confirment en tout cas la nette reprise du transport aérien en Europe — et la capacité d'exécution toujours remarquable de Ryanair, qui généralement réussit là où ses rivaux échouent. 

Seule possible contrariété : 85% des apprivoisements en carburant pour 2024 ont été négociés à un cours de $89 par baril, soit $10 à $15 au-dessus de son cours actuel.