Une preuve supplémentaire est apportée par S4 Capital, le dernier véhicule d'investissement du magnat de la publicité Martin Sorrell — mythique fondateur du groupe WPP, originellement Wire & Plastic & Products, petite entreprise industrielle transformée par l’intéressé en numéro deux mondial de la publicité après une frénésie d'acquisitions.

Sorrell s’était fait épingler pour sa gestion féodale de WPP, avant d’en être évincé. Soutenu par toute une batterie d'investisseurs, l'infatigable magnat repartit directement à l’assaut de l'industrie publicitaire via S4, cette fois-ci avec un positionnement 100% digital et un focus sur la création de contenus.

La réussite n’est pas tout à fait au rendez-vous. Si les £667 millions investis en acquisitions en huit années d’existence ont pour l’instant réussi à « créer » £103 millions de profit d’exploitation, soit un rendement sur investissement somme toute correct, S4 souffre d’une panne critique de croissance. 

Son portefeuille d’activités concentré sur la création de contenus — notamment pour des clients du secteur de la technologie — semble en effet dangereusement exposé à l’essor des technologies d’intelligence artificielle.  Plutôt que de la croissance promise, c’est donc de décroissance qu’il s’agit. Les avertissements sur résultats se sont donc accumulés, et avec eux les plongeons du cours de bourse de l’action. En 2024 comme en 2023, l’affaire devrait même afficher des comptes dans le rouge et brûler du cash. Rien de rassurant lorsque l’endettement nette s’élève à x3.5 le profit d’exploitation réalisé l’an dernier. 

Ces nouvelles sont d’autant plus gênantes que S4 a besoin d'un cours élevé pour réaliser ses acquisitions en utilisant son titre comme monnaie d'échange. Le serpent se mort donc la queue, et l’absence d’achats au marché par les cadres du groupe à ces valorisations en apparence déprimées semble confirmer que le feu couve dans la maison. 

L’étoile de S4 pâtit donc de ces développements, au contraire par exemple de celle d’un autre acquéreur en pleine forme discuté cette semaine dans nos colonnes