Le bureau d'études Bryan Garnier a dégradé d''achat' à 'neutre' son conseil sur l'action du lunetier italien Safilo après que Kering, le groupe de luxe français, ait annoncé son intention d'internaliser progressivement ses licences de lunettes, dont Gucci. Ce qui n'est pas sans rappeler la reprise par Burberry de sa licence à Interparfums. Les analystes estiment que le signal est négatif pour Safilo, dont les licences représentent 80% de l'activité. L'objectif de cours est ramené de 19 à 15 euros.

Après avoir été incotable en début de séance à la Bourse de Milan, l'action Safilo dévisse à mi-séance de 31,3% à 11,1 euros.

En effet, Kering a indiqué que sur ses 11 marques de lunettes, soit 350 millions d'euros de ventes annuelles, neuf ont été confiées par des contrats de licence générant 50 millions d'euros de royalties environ à cinq prestataires différents. Progressivement, ces licences seront internalisées.

De son côté, Safilo indique ce matin les conditions dans lesquelles sa coopération de 20 ans avec PPR, devenu Kering, prendra fin avec une licence clé : Gucci. Le terme de la licence Gucci confiée par le groupe français a ainsi été avancé de deux ans, à décembre 2016. Il sera suivi d'un 'partenariat stratégique sur les produits' renouvelable de quatre ans, et d'une compensation de 90 millions d'euros qui sera payée en trois fois d'ici quatre ans. Directrice générale de Safilo, Luisa Delgado s'est déclarée 'satisfaite' de ce partenariat.

Chez Bryan Garnier, on estime que la licence Gucci représentait environ 22% des ventes de Safilo en 2013 (1.122 millions d'euros au total), soit 250 millions d'euros. 'Bien que la perte de chiffre d'affaires soit partiellement compensée par le partenariat de production (75 à 100 millions d'euros par an) et par la compensation de 90 millions payable entre 2014 et 2018, le marché se montre inquiet du signal négatif que représente cette annonce', indique une note de recherche.

Certes, souligne Bryan Garnier, l'accord ne concerne pas - pour l'instant du moins - les licences Alexander McQueen et Yves Saint Laurent également confiées par Kering, qui expireront en décembre 2015. Le risque est grand. Toutefois, 'Safilo a confirmé que le non renouvellement de ces licences serait relutif pour le groupe à compter de 2016', rapporte Bryan Garnier.

Quid de Bottega Veneta, autre licence confiée par Kering à Safilo ? Elle doit expirer en 2020. Bryan Garnier n'exclut pas que Kering y mette fin de manière anticipée, en 2015.

Or selon Bryan Garnier, les Alexander McQueen, Yves Saint Laurent et Bottega Veneta représentent pour Safilo un CA de l'ordre de 40 millions d'euros.

En outre, Bryan Garnier craint que la décision de Kering ne jette le doute, à moyen terme, sur l'ensemble des licences concédées à Safilo, soit 80% de son CA. Ainsi, les marques confiées au groupe de Padoue par LVMH (Dior, Marc Jacobs, Celine, Fendi) avoisinent 20% de son activité, même si le risque ne semble pas immédiat dans ce dernier cas.

Cependant, 'Safilo a prouvé sa capacité à se retourner après avoir perdu, en 2013, sa plus importante licence, Giorgi Armani (environ 12% des ventes)', relèvent les analystes de Bryan Garnier, 'en renouvelant des licences clés (Hugo Boss, Marc Jacobs, Tommy Hilfiger) et déployant celle de Polaroid'.

Bryan Garnier juge que la compensation versée par Kering pourrait aussi permettre à Safilo de prendre son temps pour trouver d'autres licences, voire pour acquérir d'autres marques en propre afin de limiter son exposition à des tiers.


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