PARIS (Agefi-Dow Jones)--Face à un horizon qui reste très nuageux, Safran compte encore piloter finement ses coûts pour restaurer ses marges cette année. L'équipementier et motoriste a livré jeudi des résultats annuels durement touchés par l'effondrement du trafic aérien, ainsi que des perspectives prudentes pour l'année en cours.

Safran anticipe pour 2021 un repli organique de son chiffre d'affaires ajusté compris entre 2% et 4%, après une chute de 32,5% en 2020. Le directeur général, Olivier Andriès, a expliqué que les incertitudes restaient fortes en ce début d'année et que les prévisions de remontée du trafic aérien cette année étaient "plus faibles qu'il y a quelques mois".

Le dirigeant a souligné que l'Europe pâtissait d'un trafic aérien domestique encore inférieur de 75% à son niveau de 2019 et que la Chine avait connu une baisse violente en début d'année, en raison de mesures préventives prises par le gouvernement chinois pour éviter un nouveau redémarrage de la pandémie lors du Nouvel An lunaire. "Nous avons atteint le point bas la semaine dernière et le trafic domestique chinois est reparti cette semaine", atteignant désormais 75% de son niveau de 2019, a-t-il toutefois précisé.

A l'instar des projections communiquées par Airbus la semaine dernière, les objectifs de Safran pour cette année sont considérés comme prudents par les analystes et sont sanctionnés par les investisseurs. L'action Safran perd 3,7% jeudi après midi, à 116,50 euros.

"Nous pensons que Safran s'est extrêmement bien débrouillé en 2020. Le hic est que les perspectives 2021 semblent faibles", soulignent les analystes de Jefferies. Berenberg dresse un constat similaire. La banque allemande évoque une "performance qui mérite les honneurs" en 2020, mais ajoute que "la reprise s'avère plus lente qu'espérée, comme en attestent les perspectives" inférieures aux attentes des analystes dévoilées par Safran.

De nouvelles réductions d'effectifs

En dépit de la trajectoire de reprise du trafic aérien plus lente que prévu, Safran compte augmenter sa marge opérationnelle courante ajustée de plus de 1 point de pourcentage cette année par rapport au taux de 10,2% obtenu en 2020 et de plus de 3 points de pourcentage par rapport à celui de 8,2% dégagé au second semestre, "qui constitue le véritable point d'entrée" pour 2021, a souligné le directeur financier, Bernard Delpit.

Pour parvenir à améliorer sa rentabilité, Safran bénéficiera des mesures d'économies prises l'an passée et qui atteindront leur plein effet de 2021. De plus, "nous allons poursuivre nos mesures d'adaptation et de rationalisation industrielle", a assuré Olivier Andriès. Le dirigeant a indiqué que le groupe avait encore réduit ses effectifs de 1.500 postes entre début janvier et la mi-février, après 21.000 en 2020, en comptant les intérimaires. Le groupe optimisera encore son outil industriel, ce qui passera par "des mesures de restructuration des sites industriels", a également expliqué Bernard Delpit.

Safran va ainsi poursuivre la recette qui lui a permis de montrer une résilience certaine face à la crise l'an passé. Grâce notamment à une réduction de 25% de ses coûts opérationnels et de 67% de ses investissements, l'équipementier et motoriste affiche un résultat opérationnel courant ajusté de 1,69 milliard d'euros, supérieur de 3% aux attentes des analystes, selon Oddo BHF, pour une marge correspondante se maintenant au-delà de 10%.

La génération de trésorerie libre du deuxième semestre, de 172 millions d'euros, est également supérieure aux consensus des analystes, qui tablaient sur 160 millions d'euros. "Une capacité surprenante à flexibiliser les coûts pour les réduire a permis de générer de bons résultats pour 2020", souligne Jefferies.

En attendant que la reprise du trafic aérien se concrétise et entraîne un redressement des activités de première monte et d'après-vente de son groupe, Olivier Andriès va donc prolonger les efforts mis en oeuvre par son charismatique prédécesseur, Philippe Petitcolin, qui a lui a passé le témoin le 1er janvier.

Cette rationalisation industrielle à marche forcée devrait lui permettre de braver du mieux possible les vents contraires en 2021 et de garder ainsi les investisseurs dans son cockpit. "La belle histoire de long terme" qu'offre la société "est toujours là", jugeait récemment Oddo BHF. JPMorgan Cazenove souligne de son côté qu'en mettant de côté les inquiétudes macroéconomiques, "Safran demeure l'une des meilleures entreprises du secteur aéronautique civil au monde".

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV

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February 25, 2021 09:30 ET (14:30 GMT)