Dan Gallagher,

THE WALL STREET JOURNAL

Le mouvement de vente qu'a subi le marché ces derniers mois a été particulièrement brutal pour les éditeurs de logiciels d'informatique dématérialisée ("cloud"), comme Salesforce (CRM). A juste titre.

Les investisseurs à la recherche de sécurité ne privilégient en général pas les titres spéculatifs généreusement valorisés qui, dans nombre de cas, n'affichent même pas de flux de trésorerie positifs. Les valeurs composant l'indice sectoriel BVP Cloud ont donc perdu un quart de leur valeur en moyenne depuis le début de l'année, faisant du cloud le plus malmené des segments technologiques.

Comme ses concurrents, Salesforce a pâti des turbulences boursières de 2016. Le titre affichait une baisse de plus de 20% avant la publication de ses résultats du quatrième trimestre mercredi soir. Ceux-ci ont montré les avantages, à la fois, de la taille et de la maturité dans un secteur qui se trouve encore au stade de l'adolescence et l'action a rebondi de plus de 11% jeudi.

Facturations supérieures aux attentes

Les facturations, qui constituent un indicateur clé pour les sociétés du cloud, ont augmenté de 28% sur un an, à environ 3,3 milliards de dollars. Les analystes s'attendaient à une hausse de 21% seulement. Le flux de trésorerie disponible a bondi de 50% sur l'ensemble de l'exercice, à 1,3 milliard de dollars.

Une telle croissance coûte cher. Salesforce continue de dépenser environ la moitié de son chiffre d'affaires publié dans les ventes et le marketing, un niveau constant depuis dix ans. Il rémunère également si bien ses employés à coup de stock options qu'il n'a pas affiché de véritable bénéfice au cours des cinq dernières années.

Objectifs exigeants

Si ces pratiques sont courantes dans le secteur, le titre Salesforce paraît toujours onéreux à plusieurs égards. L'action se négocie environ 29 fois le flux de trésorerie disponible escompté, un niveau inférieur à beaucoup de petits protagonistes du cloud mais nettement supérieur à celui d'autres grands éditeurs de logiciels d'entreprises.

Cela signifie que Salesforce ne peut pas se permettre de lever le pied, car il doit atteindre des objectifs de croissance plutôt exigeants. Wall Street s'attend à une croissance annuelle de 20% du chiffre d'affaires du groupe pendant au moins les deux prochaines années, tandis que la plupart des sociétés spécialisées dans les technologies pour les entreprises ont du mal à dégager une faible hausse à un chiffre.

Fort heureusement, Salesforce dispose d'un carnet de commandes qui représente un chiffre d'affaires différé, facturé et non facturé, de plus de 11 milliards de dollars. Le groupe a donc encore de beaux jours devant lui.

-Dan Gallagher, The Wall Street Journal

(Version française Céline Fabre) ed: VLV