Samsung Electronics a annoncé mardi un bénéfice d’exploitation de 6 600 milliards de wons (4,49 milliards de dollars) pour le premier trimestre, dépassant largement les prévisions du marché, alors que les ventes de puces mémoire et de smartphones ont bénéficié d’un afflux de commandes anticipées en prévision de possibles droits de douane américains.

Le bénéfice opérationnel estimé pour la période janvier-mars ne recule que de 0,2% sur un an, contre un consensus LSEG SmartEstimate de 5 100 milliards de wons. Il est également supérieur au résultat du trimestre précédent (6 490 milliards). Pour rappel, nous vous avions détaillé ces estimations la veille, bien évidemment, elles ont donc été dépassées. En Bourse, l’action Samsung a grimpé de 2,6% dans la matinée, surperformant l’indice KOSPI (+1,6%). 

Les analystes attribuent cette performance inattendue à une demande solide en puces mémoire classiques, utilisées dans les smartphones, mais aussi en semi-conducteurs destinés à l’intelligence artificielle. De nombreux clients auraient anticipé de potentielles hausses tarifaires américaines en constituant des stocks. "Même si les prix des mémoires ont légèrement reculé, la volonté des clients de sécuriser leurs approvisionnements a soutenu les livraisons, et donc la performance globale", analyse Greg Roh, responsable de la recherche chez Hyundai Motor Securities.

Les ventes de smartphones ont également été stimulées par la sortie de la gamme Galaxy S25, lancée en janvier, dotée de fonctionnalités d’IA améliorées. Selon Roh, les distributeurs nord-américains ont aussi avancé leurs commandes au premier trimestre pour anticiper d’éventuelles barrières douanières.

Samsung a par ailleurs entamé une réorganisation de sa direction après le décès soudain de son co-directeur général Han Jong-Hee en mars. Les résultats détaillés seront publiés le 30 avril.

Un second trimestre attendu en repli

La dynamique observée au premier trimestre pourrait ne pas se prolonger. Les analystes estiment que les livraisons de smartphones reculeront au deuxième trimestre, l’effet d’anticipation s’estompant. Kim Sun-woo, analyste principal chez Meritz Securities, prévoit un tassement du bénéfice opérationnel, notamment en raison du retard pris par Samsung dans la signature de nouveaux contrats pour ses puces HBM (High Bandwidth Memory), essentielles pour les applications d’IA.

Malgré les bonnes performances du segment mémoire, les pertes dans la division fonderie – qui fabrique des puces pour des clients comme Nvidia, Qualcomm ou AMD, ont probablement réduit de moitié le bénéfice de la division semi-conducteurs, estimé à 800 milliards de wons au premier trimestre.

Samsung avait averti en janvier que ses ventes de puces IA seraient pénalisées par les restrictions américaines à l’exportation vers la Chine, principal marché du groupe. Fin mars, son président Jay Y. Lee faisait partie des dirigeants reçus par Xi Jinping à Pékin, lors de la conférence annuelle du Parti communiste chinois.

Lors de l’assemblée générale de mars, les dirigeants du groupe ont présenté leurs excuses pour la faible performance boursière, en partie liée à un démarrage tardif dans la course aux puces d’IA. Samsung prévoit néanmoins une reprise de ses résultats semiconducteurs au second semestre, avec une hausse de la demande pour les smartphones et les centres de données. Le groupe prévoit notamment de commencer la livraison de ses nouvelles puces HBM3E 12-high à Nvidia d’ici l’été.

De son côté, SK Hynix, deuxième fabricant mondial de puces mémoire, avait indiqué en mars que certains clients avaient également avancé leurs commandes par crainte de tarifs américains, tout en se montrant prudent sur la solidité de la reprise de la demande.

Micron Technology, concurrent américain, avait quant à lui revu à la hausse ses prévisions de chiffre d’affaires pour le troisième trimestre, porté par une forte demande pour ses puces HBM utilisées dans les modèles d’intelligence artificielle.