Sanofi cède 2,4% à 84,87 euros, accusant l'un des replis les plus marqués du CAC 40. Le projet de rachat de la biotech américaine Kadmon pour 1,9 milliard de dollars semble laisser les investisseurs dubitatifs. Et ce peut-être pour deux raisons : stratégique et financière.

Alors que le marché s'attendait à ce que laboratoire français poursuive son rattrapage sur la médecine de spécialité, et notamment dans les traitements innovants les plus porteurs, comme ceux basés sur la désormais célèbre technologie de l'ARN messager, Sanofi jette son dévolu sur une biotech dans la médecine générale.

Kadmon, en effet, est spécialisée dans la transplantation. L'opération permet notamment au groupe de mettre la main sur le traitement Rezurock (belumosudil), premier médicament de sa classe pharmacothérapeutique approuvé par la FDA pour le traitement de la maladie chronique du greffon contre l'hôte de l'adulte et de l'enfant à partir de 12 ans.

Rezurock est commercialisé aux Etats-Unis depuis le mois d'août.

"Cet actif est un véritable joyau et nous sommes heureux de l'ajouter à notre portefeuille bien établi de médicaments indiqués dans la prise en charge des patients transplantés", déclare Olivier Charmeil, vice-président exécutif, médecine générale.

Dans une note publiée ce matin, UBS affiche un ton plus contrasté. Le broker souligne que les ventes maximales attendues de Rezurock (environ 700 millions de dollars) devraient soutenir l'objectif de Sanofi de stabiliser les ventes de la Médecine Générale d'ici 2025.

Mais ajoute-t-il, " en tant que telle, l'opération Kadmon n'est peut-être pas la plus intéressante pour les investisseurs, à moins que Sanofi ne puisse montrer que Rezurock a plus à offrir que ce qu'il envisage actuellement ".

De son côté, Jefferies ne cache pas son étonnement. Le broker américain reconnaît cependant que le deal fait sens, le Rezurock devant offrir des synergies avec Thymoglobulin et Mozobil de Sanofi.

D'un point de vue financier, Sanofi n'a pas lésiné, prenant le risque de payer trop cher. Les actionnaires de Kadmon recevront la somme de 9,5 dollars par action, un prix faisant ressortir une prime de 79% par rapport au cours de clôture du 7 septembre 2021 et une prime d'environ 113% vs cours moyen pondéré par les volumes de l'action au cours des 60 derniers jours. L'objectif de cours de Jefferies sur Kadmon, avant le deal, était de 10 dollars.

Selon Sanofi, la transaction devrait avoir un effet légèrement relutif sur son bénéfice par action en 2022.

Au final, UBS ne blâme pas Sanofi, rappelant que l'évolution de son portefeuille de produits restait la clef de son parcours boursier.

A cet égard, le broker considère que les récentes acquisitions de Sanofi, dont celles de Kadmon, comme judicieuses. Mais, ajoute-t-il, les projets de recherche entièrement nouveaux restent le principal point d'intérêt des investisseurs. Sauf que, trouver les bons projets est plus facile à dire qu'à faire, reconnaît l'analyste.