L'éditeur allemand de logiciels d'entreprise est au milieu d'un plan de transition consistant à proposer à ses clients des services basés sur le cloud. La direction du groupe a indiqué que 2017 serait marquée par une pression sur les marges en raison d'investissements sur de nouveaux centres de données et d'un redéploiement du personnel.

L'action SAP abandonne près de 2% à 93,11 euros vers 08h40 GMT à la Bourse de Francfort et figure parmi les cinq plus fortes baisses de l'indice paneuropéen EuroFirst 300, malgré un relèvement de la prévision annuelle de bénéfice et de chiffre d'affaires. Le groupe a également dit s'attendre à un redressement de ses marges en 2018.

SAP a de "très bonnes chances" de stabiliser ses marges au quatrième trimestre, a déclaré le directeur financier Luka Mucic, au cours d'une conférence téléphonique. "En 2018, nous assisterons à un redressement de la marge", a-t-il dit.

Le chiffre d'affaires trimestriel de l'éditeur allemand de logiciels d'entreprise a augmenté de 8% à 5,59 milliards d'euros par rapport à l'année précédente, mais il est inférieur à la prévision moyenne de 5,71 milliards d'euros de 16 analystes interrogés par Reuters.

Le bénéfice d'exploitation est ressorti en hausse de 4% à 1,64 milliard d'euros à taux de change constants et stable après prise en compte des effets de change. Il est également en deça du consensus établi par Reuters à 1,69 milliard d'euros.

Les analystes de Baader Helvea ont dit s'attendre à une poursuite de l'impact négatif des effets de change sur les trois prochains trimestres.

L'éditeur se dit toutefois convaincu de pouvoir atteindre ou dépasser ses objectifs financiers pour l'ensemble de l'année. Il a modestement relevé le point médian de sa prévision de chiffre d'affaires et de bénéfice brut pour 2017.

SAP voit désormais son bénéfice d'exploitation pour 2017 dans une fourchette de 6,85 à 7 milliards d'euros contre 6,8-7 milliards auparavant.

Mercredi le groupe était valorisé en Bourse à 137 milliards de dollars (115 milliards d'euros) et son titre reste proche de ses niveaux record atteints en juin.

CAP SUR LE CLOUD

Les abonnements pour les services de cloud et les revenus tirés de l'assistance informatique ont augmenté de 27% au troisième trimestre à 938 millions d'euros, hors effets de change, contre une croissance de 29% en moyenne attendue par les analystes.

Ce ralentissement a été compensé par le chiffre d'affaires issu des licences classiques de logiciels et d'assistance qui a progressé de 4% à 3,72 milliards d'euros, nettement au-dessus de la croissance de 2,2% attendue par les analystes.

Le président du directoire, Bill McDermott, s'est dit optimiste pour le quatrième trimestre, déclarant que la demande pour le cloud était en hausse d'environ 35% par rapport à la même période de l'année dernière.

"Nous gagnons des parts de marché face à nos concurrents. SAP croît plus vite dans le cloud, et de façon organique", a-t-il souligné, en référence à la boulimie d'acquisitions de ses concurrents.

A la différence de SAP, Salesforce.com, Workday et la division Web Services d'Amazon proposent uniquement des services basés sur le cloud, un segment en pleine croissance qui menace l'activité traditionnelle des éditeurs comme Oracle reposant encore essentiellement sur la vente de licences.

Les investisseurs cherchent à déterminer si SAP est parvenu à un point de basculement permettant un retour à une croissance régulière de la marge bénéficiaire en fin d'année ou en 2018.

La croissance de la marge bénéficiaire de SAP tourne au ralenti depuis cinq ans en raison d'importants investissements réalisés par le groupe pour passer de la vente de logiciels à des services par abonnements sur le cloud.

"Nous pensons que l'élément clé du débat pour les investisseurs sur SAP porte aujoud'hui sur la marge: y a-t-il des leviers opérationnels chez SAP après une période de lourds investissements ou la transition vers le cloud est-elle structurellement négative pour les marges?", s'interroge Morgan Stanley.

Avant la publication de ces résultats, les analystes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à ce que le taux de marge de SAP en 2018 passe à 9,2%, puis à environ 11% en 2019, contre 4,8% en 2017.

SAP a indiqué que la croissance rapide de ses effectifs depuis 2015 devrait ralentir au cours des prochains trimestres alors que la vague d'embauche d'ingénieurs sur le cloud devrait suivre son cours.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Douglas Busvine et Eric Auchard