DUBAÏ (Reuters) - Le directeur du géant pétrolier saoudien Aramco a déclaré mardi que les projets européens visant à plafonner les factures d'énergie pour les consommateurs et à taxer les entreprises du secteur ne sont pas des solutions viables face à la crise énergétique mondiale, liée en grande partie au sous-investissement dans les hydrocarbures.

"Le gel ou le plafonnement des factures d'énergie peut aider les consommateurs à court terme, mais il ne s'attaque pas aux causes réelles et n'est pas une solution à long terme", a déclaré le directeur général Amin Nasser lors d'un forum en Suisse.

"Et taxer les entreprises alors que vous voulez qu'elles augmentent leur production n'est clairement pas utile."

L'UE a présenté la semaine dernière des mesures visant à plafonner les revenus des producteurs d'électricité à faible coût et à obliger les entreprises du secteur des énergies fossiles à reverser une partie de leurs profit.

Selon Amin Nasser, le sous-investissement continu dans les hydrocarbures, alors que les alternatives ne sont pas encore facilement disponibles, est à la racine du problème.

"Le conflit en Ukraine a certainement intensifié les effets de la crise énergétique, mais il n'en est pas la cause profonde", a-t-il déclaré

"Malheureusement, même si le conflit cessait aujourd'hui comme nous le souhaitons tous, la crise ne prendrait pas fin", a-t-il ajouté.

Aramco a investi pour porter la capacité pétrolière du royaume à 13 millions de barils par jour (bpj) d'ici 2027, mais Amin Nasser a prévenu que globalement, les investissements dans les hydrocarbures étaient encore insuffisants.

"Lorsque l'économie mondiale se redressera, nous pouvons nous attendre à ce que la demande rebondisse davantage, ce qui éliminera la petite capacité de production de pétrole disponible (...) c'est pourquoi je suis sérieusement inquiet."

Selon Amin Nasser, la crise énergétique ne signife pas que les objectifs climatiques doivent changer, mais que le monde a besoin d'un plan de transition énergétique plus viable.

(Reportage Maha El Dahan et Nadine Awadalla, version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)