Ce qu'il faut retenir dans les grandes lignes : 
 
- L'alliance élargie prolonge les quotas de productions jusqu'au 31 mars 2020, soit un allongement de 9 mois. 
- Les restrictions de production demeurent inchangées à 1,2 mbj. 
- Une "charte de coopération" a été signée permettant de renforcer la coopération de l'OPEP avec d'autres pays producteurs, Russie en tête. 
- La prochaine réunion du cartel se tiendra le 6 décembre 2019.

Un rappel sur l’Organisation des pays exportateurs de pétrole

Crée en 1960 lors de la conférence de Bagdad, les premières missions de l’OPEP (formé par 5 pays : l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, le Koweït et le Venezuela) se limitent à un meilleur contrôle des recettes pétrolières perçues par ses membres. Dès les décennies suivantes, les vagues de nationalisation de l’industrie pétrolière, couplées à une augmentation du nombre de membres et à une plus grande volatilité des cours pétroliers ont rapidement donné un rôle de premier plan au cartel.

Aujourd’hui, l’Institution intergouvernementale qui siège à Vienne compte 14 membres. En plus des membres fondateurs, l’OPEP compte donc dans ses rangs l’Algérie, l’Angola, les Emirats arabes unis, l’Equateur, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la Libye, le Nigeria et le Congo. 
 

 
Un rôle de swing producer …

Avec une production cumulée avoisinant 30% de la production mondiale, pour un contrôle de près de 70% des réserves mondiales de pétrole, l’OPEP s’impose comme le producteur d’appoint, ou « swing producer » des marchés pétroliers. Dit autrement, le cartel, avec en tête de liste l’Arabie Saoudite, dispose d’un poids suffisamment significatif pour affecter le prix du baril en ajustant sa production. L’OPEP a donc pour mission de répondre aux déséquilibres entre l’offre et la demande dans le but de garantir d’une part une stabilité des prix et d’autre part un prix rémunérateur à ses membres. In fine, l’intérêt demeure de limiter la volatilité des cours qui constitue à la fois un fléau pour les équilibres budgétaires des pays producteurs, mais aussi un sérieux frein aux investissements de la filière pétrolière.

… qui s’effrite avec l’essor des hydrocarbures non-conventionnels …

Si le cartel a su, avec plus ou moins de réussite, remplir cette tâche de régulateur, l’essor fulgurant du pétrole de schiste américain remet sérieusement en cause son influence. Beaucoup plus flexibles face à la demande grâce à un cycle d’investissement et de production significativement plus court, les producteurs américains de pétrole de schiste prennent des parts de marché à l’OPEP. Preuve en est, les Etats-Unis tendent à devenir un exportateur net de pétrole.

Face à une demande en berne et l’essor de la production US, l’OPEP perd des parts de marché

Répondant à une logique de suprématie énergétique, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l’Arabie Saoudite. En dépit de problèmes de rentabilité qui gangrène l’industrie américaine, les progrès technologiques, améliorant constamment le procédé de fracturation hydraulique, ont permis aux producteurs américains de multiplier leur production par deux depuis 2009, à plus de 12 millions de barils par jour.

Cette nouvelle concurrence a poussé l’OPEP à revoir radicalement sa stratégie. Si dans un premier temps, la priorité était à la défense de ses parts de marché face à l’essor de la production US (poussant les prix à la baisse en 2014 jusqu’à 25 USD le baril), le cartel s’est allié pour la première fois à des pays non membres de l’organisation, dont la Russie, pour enrayer la chute des cours via la mise en place de quotas de production.

Le rôle de producteur d’appoint n’est donc plus porté intégralement par l’OPEP. S’il s’agit d’un aveu d’échec pour le cartel, qui ne peut réguler à lui seul les marchés pétroliers, il paraît évident que cette alliance permet à l’OPEP de sauvegarder sa crédibilité, ou du moins ce qu’il en reste. A ce titre, le dernier sommet de l’OPEP et de ses alliés, regroupés sous l’appellation OPEP+, signe la mort de l’OPEP en tant que régulateur. En effet, une « charte de coopération permanente » a été adoptée afin de renforcer la coordination des actions du cartel avec ses alliés, avec en tête la Russie. Ce rapprochement désormais officialisé confère à Moscou une suprématie quasi-complète sur la politique de l’Organisation.

… et des conflits internes.

A cela s’ajoute des divisions internes, qui entachent significativement l’unité du cartel. Au-delà des divergences idéologiques bien ancrées qui compliquent la cohabitation de certains membres, notamment entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, il convient de relever que chaque pays membre ne dispose pas de la même résilience face aux fluctuations du prix du baril.

Plus concrètement, le degré de dépendance aux hydrocarbures ainsi que les prix de revient moyens varient selon les Etats. Difficile dans ce contexte de tendre vers des décisions qui satisfassent pleinement les 14 membres du cartel. Les risques de désaccords sont par conséquent importants.

Néanmoins, à l’issue de la réunion de l’OPEP et de ses partenaires, force est de constater que le cartel parvient à discipliner ses membres. En atteste l’accord voté à l’unanimité pour prolonger les réductions volontaires de production de 1,2 mbj jusqu’au 31 mars 2020, soit une durée de 9 mois