Moscou (awp/afp) - La première banque russe, Sberbank, a annoncé mercredi avoir enregistré un bénéfice net en hausse de 16,3% sur un an au deuxième trimestre malgré un contexte financier difficile, sur fond de diversification du groupe dans le numérique.

Entre avril et juin, le groupe public a dégagé un bénéfice net de 250,3 milliards de roubles, soit 3,5 milliards d'euros au taux actuel.

Les revenus tirés des intérêts sur les emprunts, particulièrement touchés par la crise de 2014-2015 et qui avaient depuis connu une reprise rapide, n'ont augmenté que légèrement comme au trimestre dernier, de 1,2% à 353,1 milliards de roubles.

Les revenus tirés des frais et commissions bancaires sont pour leur part en hausse de 4,2% sur un an à 116,7 milliards de roubles.

Sberbank a également annoncé avoir achevé la vente de 99,85% de sa filiale turque Denizbank à la banque Emirates NBD pour un montant de 107,7 milliards de roubles (2,69 milliards d'euros), soit légèrement moins que précédemment convenu.

En avril, le prix de vente avait déjà été revu à la baisse, de 3,2 à 2,75 milliards de dollars, une révision inexpliquée par les banques mais sans doute due à la chute de la livre.

"La décision de vendre Denizbank est due aux restrictions liées aux sanctions et à un changement qui en découle dans la stratégie internationale de Sberbank qui va nous permettre de nous concentrer sur le développement de notre écosystème en Russie", a rappelé le patron de Sberbank, Guerman Gref.

Le groupe Sberbank, qui avait déjà bien résisté à la crise monétaire puis économique de 2014-2015, a effectué un retour en force en 2016, entérinant la santé retrouvée du secteur bancaire russe après la crise.

Mais le contexte s'est récemment obscurci. En 2018, les banques ont notamment dû faire face à la volatilité de la monnaie russe à la suite de l'annonce de sanctions américaines.

Guerman Gref a impulsé un virage numérique considérable pour son groupe à la réputation de mastodonte bureaucratique, qui s'emploie désormais activement à se développer au-delà des activités bancaires en devenant un acteur majeur de l'internet russe.

Après l'annonce en 2017 d'une alliance avec le géant numérique Yandex dans le commerce en ligne, valorisée à un milliard de dollars, Sberbank a annoncé le rachat prévu au troisième trimestre 2019 de près de la moitié du groupe de médias en ligne Rambler.

La semaine dernière, Sberbank a annoncé une alliance avec le principal concurrent de Yandex, Mail.ru (propriétaire notamment du réseau social VKontakte) pour créer une plateforme numérique estimée à 100 milliards de roubles et proposant des services de taxi et de livraison de repas.

Des analystes ont interprété cette annonce comme une réaction à d'importants désaccords avec Yandex, qui résisterait selon eux à une volonté de la banque de prendre davantage de pouvoir.

afp/rp