Marie-Christine Chazeaux est à la tête du pôle architecture de Cogedim depuis 10 ans. Architecte de formation, elle a débuté dans l'entreprise il y a 20 ans en aidant les clients à personnaliser leur logement. Aujourd'hui, elle et son équipe d'une vingtaine d'architectes et architectes d'intérieur accompagnent tous les acteurs du groupe, du développeur foncier jusqu'au responsable de programme, afin de créer des appartements et des immeubles qui répondent aux attentes des clients. Anticiper les nouveaux usages, les façons de vivre de demain, pour faire en sorte que les clients puissent avoir les appartements qui leur conviennent est l'essence de leur mission. Elle nous donne sa vision de l'avenir du design dans la construction de l'habitat résidentiel.

Titre : Marie-Catherine Chazeaux, Directrice du pôle architecture de Cogedim Descriptif : Photo de Marie-Catherine Chazeaux

Quelle définition du design donneriez-vous dans le contexte de vos missions chez Cogedim ?

Pour moi, le design est plus formel, plus sur l'objet. On parle du design d'une prestation, d'un interrupteur, mais on ne parle pas de design d'un appartement. Il ne faut pas mélanger la décoration et le plan formel. Le design doit être élargi à l'architecture d'intérieur de l'appartement qui est un tout mis en valeur par des éléments de design.

Quel rôle joue le design en matière d'architecture d'intérieur ?

Nous essayons d'analyser le mode de vie de nos concitoyens, de nos clients d'aujourd'hui et de demain pour anticiper les usages. Par exemple, nous travaillons sur l'évolution des structures familiales ou sur les différentes périodes de la vie pour savoir quel type d'appartement nous allons construire, pour quel type de client.

Construire un appartement pour une famille recomposée n'est pas du tout pareil que de construire un appartement pour une famille plus classique, monoparentale ou pour des célibataires. Chaque appartement doit répondre à une problématique définie. Nous allons donc dessiner les plans en fonction du type d'acquéreur que l'on envisage. Ce dernier aura la possibilité de personnaliser son appartement selon ses envies.

Nous souhaitons anticiper ses besoins, mais aussi lui permettre par la suite d'aller plus loin dans la personnalisation de son appartement : toucher les textures, les coloris, les matériaux qui seront mis en œuvre dans son appartement.

À quel moment votre travail s'arrête-t-il et la personnalisation par le client Cogedim commence-t-elle ?

Il y a 2 types de personnalisation chez nous. Il y a d'abord les personnalisations techniques, et les personnalisations dites décoratives.

Pour les personnalisations techniques, les acquéreurs ont droit d'y avoir recours jusqu'au stade de l'achèvement des fondations. Une modification technique peut être de déplacer les prises, de déplacer les radiateurs, mais aussi de remplacer des éléments de plomberie, de transformer les baignoires en douche, ou encore de rajouter des w.c.

Ensuite la personnalisation décorative elle, a lieu au moment de ce qu'on appelle « les choix de personnalisation », en général une année avant la livraison. C'est à ce moment-là que nous allons présenter à l'acquéreur les prestations que nous avons choisies pour lui contractuellement dans son appartement : parquet, carrelage, couleur du meuble vasque ou encore revêtements des placards. Parfois, cela peut être des interrupteurs d'une couleur différente, ou d'autres poignées de porte. Il y a différents éléments en fonction des opérations qui sont personnalisables dans le contrat, c'est-à-dire gratuitement.

Ensuite, nous proposons des options supplémentaires permettant d'avoir quelque chose de différent, qu'il ne pourrait pas retrouver ailleurs. Par exemple, mettre du parquet à la place du carrelage est une option qui n'est pas forcément prévue dans notre descriptif, mais qu'il pourra choisir en plus. Il existe aussi des personnalisations décoratives comme la taille de carrelage, le papier peint ou la peinture, le choix d'une paroi de douche spécifique, etc. Tout cela vient plus tard dans le projet car au moment de l'achat, nous réfléchissons davantage à des problèmes financiers et de géométrie globale de l'appartement. En approchant de la livraison, les clients commencent à penser à la décoration, à l'aménagement et aux meubles qu'ils vont mettre dans leur logement. C'est pour cela que nous avons créé les « Stores Cogedim», des concept stores de l'immobilier. Nous en avons six dans toute la France, dont le plus grand est à Paris avec deux appartements-témoins aménagés et meublés. Nous y présentons toutes les prestations que nous proposons, optionnelles ou contractuelles ainsi que des looks d'ameublement. Nous changeons l'ameublement en fonction des saisons pour pouvoir donner des idées à nos acquéreurs en fonction de la mode actuelle.

Titre : Les Stores Cogedim

Description : Mise en situation de deux types de logements par Cogedim : 3 pièces

Pensez-vous que toutes ces options de personnalisation font la différence au moment de la vente ?

Pour nous, c'est essentiel. Acheter dans le neuf, c'est un peu conceptuel : vous achetez du rêve, vous achetez sur plan, vous achetez quelque chose qui n'est pas palpable. Quand nous vendons un appartement, l'acquéreur ne voit donc pas son bien, à la différence de la vente dans l'ancien où l'on peut visiter un appartement et acheter en connaissance de cause.

Plusieurs configurateurs permettent d'appréhender la vision de votre logement, mais cela reste du virtuel. En créant des magasins physiques, nous ramenons du palpable à des acquéreurs qui achètent du virtuel. C'est très important qu'ils puissent toucher le carrelage ou voir un modèle de w.c. à double touche, un mur en plâtre, ou encore des fenêtres PVC ou aluminium. Leur donner l'occasion de toucher ces matériaux est essentiel.

Présenter un appartement grandeur nature permet également de se rendre compte des dimensions. Par exemple, dans chacun de nos magasins, nous avons un petit plan de l'espace avec les principales côtes. C'est en leur montrant des notions d'échelle qu'ils arriveront à se projeter, tout comme le fait de leur montrer les ameublements.

Le rôle de mes équipes d'architectes d'intérieur est d'accompagner encore plus les acquéreurs en leur faisant des mises en scène sur des logiciels 3D en partant de quelque chose de réel. On leur montre des aménagements types, dans un appartement-témoin, pour ensuite basculer sur leur propre appartement et leur proposer par exemple du mobilier. Cela permet de passer du virtuel au réel.

Titre : Les Stores Cogedim

Description : Mise en situation de deux types de logements par Cogedim : 2 pièces

Est-ce que la variété que vous proposez en matière de personnalisation est importante ? Fait-elle une différence ?

C'est très important, et c'est très important aussi de les guider. Je pense que montrer beaucoup de choses sans avoir l'accompagnement d'un décorateur perd les clients. Ils peuvent même parfois faire des choix de couleurs qui ne fonctionnent pas. Il faut bien expliquer et offrir un vrai accompagnement esthétique et professionnel.

Un grand choix de couleurs plaît aussi beaucoup aux clients. Même s'ils choisissent souvent les mêmes, nous pouvons les aider à oser. Ce qui est amusant c'est que maintenant les jeunes choisissent des carrelages plutôt marbrés, alors que les personnes les plus âgées elles, osent et prennent des choses plus colorées.

Quelle place prend la notion de tendance dans votre travail ?

Nous nous y intéressons et y travaillons avec l'agence NellyRodi avec laquelle nous avons créé un cahier de tendance spécifique. C'est la première fois que cette agence, habituée à travailler dans la mode, collabore avec un promoteur. Nous souhaitions ramener des tendances que l'on trouve dans la mode, dans le logement.

Nous créons ainsi des tendances en nous appuyant sur des inspirations issues d'autres domaines qui ont pu émerger ces derniers mois avec les confinements. Nous travaillons ainsi sur la thématique de la santé avec des matériaux, plus lavables et plus faciles à entretenir ou encore avec des appartements traversants plus faciles à ventiler.

C'est quelque chose dont nous parlions peu, mais qui aujourd'hui revient très fort. Nous avons d'ailleurs fait une étude sur un panel de français qui nous a révélé qu'ils étaient prêts à payer plus cher pour obtenir des produits bons pour leur santé. Quand vous lisez la définition de la santé faite par l'OMS, ce n'est pas quelque chose qui est seulement physique, c'est un état de bien-être général, avec la santé physique, la santé psychique et la santé émotionnelle.

Le bien-être dans son logement est lié à la qualité de l'air (qualité des entrées d'air, qualité de la ventilation de l'appartement ou encore de la peinture), mais aussi à la lumière et à l'acoustique (qualité des cloisons, qualité des vitrages, etc.). L'aspect sociétal est aussi essentiel. Avoir une bonne relation avec ses voisins et être à proximité des transports restent des éléments importants.

Quelles grandes tendances de décoration constatez-vous ?

Je pense que cet aspect de l'hygiène est très important. On retrouve par exemple le traitement de l'entrée, qui avait pendant longtemps disparu. Pendant l'épisode Covid, c'est devenu un « sas de décontamination » où enlever ses chaussures et se laver les mains pour laisser les bactéries à l'extérieur.

Ces entrées vont ainsi être repensées en utilisant des matériaux différents (remplacer le parquet par le carrelage par exemple) ou en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs avec un banc comme au Japon pour s'asseoir et enlever ses chaussures. Il y aura donc une nouvelle répartition des pièces liées à ce sujet santé.

Les espaces extérieurs sont aussi maintenant très importants. Nous ne ferons plus de neuf sans espaces extérieurs. J'aime bien parler aussi des espaces de transition, qui sont pour moi primordiaux comme nous l'avons vu avec l'entrée, qui sert de transition entre l'extérieur et l'intérieur.

La deuxième transition est celle entre le salon et l'espace extérieur, qui devient alors une extension de l'intérieur en permettant aux gens d'avoir une pièce en plus à la belle saison. Le design de ces espaces extérieurs est donc primordial. Vous pourrez installer des chaises et une table comme dans un salon et avoir un nouvel usage de cet extérieur.

Le design de ces espaces et la façon dont vous allez les traiter ne peuvent plus être séparés. Le confort d'été est également un sujet sur lequel nous travaillons de plus en plus et qui participe au design et à la conception des appartements. L'objectif est de vivre mieux dans son appartement l'été sans avoir de surchauffe (stores spécifiques sur les balcons, éviter les couleurs foncées ou encore les matériaux à faible inertie comme le bois, etc.).

Le design c'est aussi tout ce qui est sujet de flexibilité. Comment fait-on en sorte que l'usage des pièces puisse changer en fonction de l'heure de la journée, mais aussi au cours des années? Quand je vous parlais de familles recomposées, ce sont des familles qui passent de deux à cinq d'une semaine sur l'autre. Est-ce que vous avez cinq chambres ? Est-ce qu'elles sont agencées différemment ?

C'est cette flexibilité d'usage à l'intérieur de l'espace qui est aussi très importante. Nous la retrouvons d'ailleurs dans toutes les chaînes de magasins de bricolage. C'est encore plus le cas avec cette notion de télétravail. On ne va pas travailler sur la table de la cuisine ou sur son canapé alors que d'autres personnes vivent dans la maison.

Comment est-ce que vous choisissez les options de personnalisation que vous proposez à vos clients ?

En premier lieu, nous interrogeons nos clients. Nous présentons des options et nous faisons ensuite un suivi très pointu de ce que nous leur proposons. À chaque proposition, nous essayons d'avoir le retour d'expérience du client. Nous n'allons pas continuer à proposer des produits qu'ils n'aiment pas. Cela nous permet de nous remettre en question et d'adapter continuellement les produits. Nous testons énormément de choses auprès de nos acquéreurs.

Nos magasins sont aussi des lieux d'expérimentation, un laboratoire d'innovation. Il y a des produits présents de manière expérimentale que nous montrons à nos acquéreurs pour voir leurs réactions. Nous avons par exemple en ce moment des robinets qui produisent de l'eau pétillante. Ce n'est pas les robinets que nous allons mettre en œuvre dans un appartement, mais nous leur montrons que cela existe. L'idée est de mettre en avant des innovations qui existent. Si par la suite nous voyons qu'il y a un engouement par rapport à une de ces prestations, nous la rajoutons en option. Quelle que soit l'action que nous mettons en place, nous devons éduquer les clients, à travers une phase de pédagogie.

Quelles grandes tendances de couleurs, de matières, constatez-vous ?

En plus de la modularité, 3 grandes tendances :

  • La première, nous en avons parlé précédemment, concerne le bien-être, le cocooning, l'harmonie visuelle, le confort acoustique, la qualité de l'air, l'ergonomie. Les lignes sont douces, enveloppantes.
  • En second, nous sommes dans une phase de sobriété vertueuse, de logements à faible impact environnemental, beaucoup plus qu'avant. Nos clients sont aussi particulièrement friands de récup', de local, de traçable, de bio sourcé. Tout ceci impacte beaucoup la décoration et le design.
  • Il y a aussi une tendance plus inspirante. Le neutre, le passe-partout, l'interchangeable ne sont plus du tout d'actualité. Les nouveaux lieux de vie ont vocation à refléter la personnalité de ceux qui les occupent. Les logements ont du caractère celui de leur propriétaire : les choses créatives et qui sortent de l'ordinaire, les choses disruptives et surtout que le voisin n'a pas. Ils veulent quelque chose de différenciant. Ce côté exclusif, innovant, customisable, sur mesure est très marqué dans les nouvelles tendances.

Quelles seraient vos attentes envers des industriels comme Schneider Electric sur cette notion de design ?

Il faut travailler ensemble pour adapter le design à de nouveaux usages tout en évitant la gadgétisation. La domotique et tous ces sujets n'ont pas fonctionné pour l'instant, car cela relève trop du gadget pour les acquéreurs. Ces derniers n'aiment pas ce qui est gadget, ils aiment le concret. Ils sont aujourd'hui plus concernés par les économies d'énergie, sur le côté écologique de la chose. Les prises électriques déplaçables sont utiles si elles apportent une évolutivité de l'aménagement de l'appartement.

La domotique est aussi très importante pour moi pour travailler sur le confort d'été par exemple. Il faut aller dans ce sens-là, nous avons des idées parce que nous savons ce qu'attendent nos acquéreurs. Nous pourrions donc attendre des industriels une collaboration afin de travailler sur de nouveaux usages. Mais pas sur des produits pour faire joli, car ce n'est pas ce que les gens attendent aujourd'hui. Ils cherchent des choses qui sont utiles.

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Schneider Electric SE published this content on 10 January 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 10 January 2022 16:37:05 UTC.