Genève (awp) - L'inflation, qui s'est envolée en Suisse et au niveau mondial depuis le début de l'année, s'est plus durablement installée dans l'économie, devenant le principal cheval de bataille des banques centrales. Face à l'accélération des prix, de nouvelles hausses des taux directeurs seront sans doute nécessaires.

"Dans de nombreux pays, l'inflation s'est accélérée pour atteindre une ampleur et un rythme que peu de monde aurait anticipés", a résumé Andréa Maechler, membre de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS), jeudi à Genève.

Pour Mme Maechler, "davantage persistante au cours des derniers mois, l'inflation s'est aussi étendue à des pans plus larges de l'économie qu'initialement prévu", avec pour conséquence que "la lutte contre l'inflation est devenue la principale tâche des banques centrales à l'échelle internationale", selon le texte de son discours.

En Suisse, l'inflation a atteint en octobre 3,0% sur un an, ralentissant quelque peu après les 3,3% enregistrés en septembre et les 3,5% en août.

Inflation inférieure à la zone euro et aux Etats-Unis

Principalement portée par les tarifs des hydrocarbures, l'accélération des prix à la consommation en Suisse est néanmoins nettement inférieure à celle des autres pays. Dans la zone euro, l'inflation a ainsi bondi à 10,7% en octobre et aux Etats-Unis elle a ralenti à 7,7% pendant le même mois.

Andréa Maechler a malgré tout souligné que le taux d'inflation en Suisse était "supérieur à la plage que la Banque nationale assimile à la stabilité des prix, à savoir une hausse annuelle de l'IPC (indice des prix à la consommation) inférieure à 2%".

Face à cette situation qui met le portefeuille des entreprises et des ménages à rude épreuve, la BNS a procédé cette année à deux relèvements du taux directeur, des décisions qualifiées d'"historique" par la responsable.

En juin, l'institut d'émission a en effet procédé à son premier relèvement en 15 ans, le taux directeur remontant de 0,5 point à -0,25%. En septembre, la banque centrale suisse l'a de nouveau augmenté de 0,75 point pour amener son taux directeur en territoire positif à 0,5%, mettant ainsi fin à plus de sept ans de taux négatifs.

Lors de sa prochaine réunion le 15 décembre, il n'est pas exclu que la BNS resserre encore sa politique monétaire. Alexis Körber de BAK Economics table, lui, sur une hausse de 0,75 point de pourcentage à la fin de l'année et de 0,5 point supplémentaire début 2023. Après cela, la banque centrale marquerait une pause avec ses hausses.

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