Berne (awp) - Le maintien de la stabilité des prix reste la mission première de la Banque nationale suisse (BNS), indispensable à l'action politique et primordiale pour la cohésion sociale du pays. Le président du directoire de l'institut d'émission l'a souligné à plusieurs reprises dans son discours devant l'assemblée générale qui se tenait vendredi à Berne.

"La stabilité des prix est la plus grande contribution que la Banque nationale puisse apporter à la croissance et à la prospérité de la Suisse", a insisté Martin Schlegel, se référant à l'offensive douanière américaine, selon le texte de son allocution.

Les récents développements dans le domaine de la politique commerciale sont source de grande incertitude pour tous les pays concernés, y compris la Suisse, quant aux répercussions qu'elles auront sur la conjoncture et à plus long terme. "En tant que petite économie ouverte, la Suisse est très sensible aux mesures protectionnistes", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, la stabilité des prix, qui se définit par une inflation inférieure à 2%, a-t-il rappelé, devient primordiale et indispensable aux prises de décision financières, à l'efficacité de l'action politique et, surtout, à la cohésion sociale. "Grâce à elle, le pouvoir d'achat des salaires, des rentes et de l'épargne reste le même, ce qui est essentiel notamment pour les ménages à faibles revenus."

Le taux, outil privilégié

Le taux directeur reste le principal instrument de la BNS pour garantir ces conditions-cadres. "En le modifiant, nous influons sur le niveau des taux d'intérêt et sur le cours de change, et donc sur les conditions monétaires qui sont cruciales pour notre appréciation." A cela s'ajoutent les interventions sur les marchés des changes qui, sans viser un cours précis, permettent de réagir lorsque les conditions monétaires se détériorent au point de menacer la stabilité des prix.

Et lorsque de telles mesures s'avèrent nécessaires, la BNS doit agir avec détermination. "Repousser une décision de politique monétaire qui est nécessaire n'élargit pas la marge de manoeuvre. Au contraire, c'est prendre le risque de voir émerger des effets de second tour, c'est-à-dire de voir des prix augmenter (ou diminuer) en réaction à l'évolution d'autres prix."

Dans la nébuleuse d'incertitudes suscitées par les tensions commerciales, difficile de prévoir l'évolution de l'inflation et de la conjoncture pour la Suisse. Un ralentissement semble cependant se dessiner. "La croissance devrait être inférieure à ce qui était attendu il y a encore quelques semaines."

A long terme et à plus grande échelle, M. Schlegel met en avant les risques d'une fragmentation croissante de l'économie mondiale.

Les banques centrales ne participent pas à la conception du système commercial international, rappelle-t-il. "Elles ne peuvent pas empêcher les droits de douane ni, plus généralement, le protectionnisme." Cependant, la BNS doit se soucier de leurs répercussions et remplir son mandat de stabiliser les prix, "dans l'intérêt général du pays, et donc de toutes et tous".

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