Zurich (awp) - Sans le resserrement de politique monétaire effectué jeudi par la Banque nationale suisse (BNS), l'inflation aurait été encore plus importante, a indiqué le directeur de l'institut d'émission helvétique. Les risques sur la conjoncture mondiale sont élevés.

"Sans le relèvement de taux annoncé aujourd'hui, la prévision d'inflation serait nettement plus élevée", a indiqué M. Jordan, selon le texte de son discours prononcé lors d'une conférence de presse à Zurich.

La BNS a en effet relevé ce jeudi de 0,75 point de pourcentage son taux directeur, qui passe de -0,25% à +0,5%, mettant ainsi fin à près de huit ans de taux négatifs. Elle a également revu à la hausse ses projections pour l'inflation sur l'année en cours et les deux suivantes. Le renchérissement doit atteindre 3,0% en 2022, contre 2,8% au pointage de juin.

S'inscrivant à 3,5% en août, "l'inflation en Suisse est certes faible en comparaison internationale, mais elle se situe toutefois nettement au-dessus de la plage comprise entre 0% et 2% que nous assimilons à la stabilité des prix", a expliqué le dirigeant.

Selon ce dernier, "les prix de l'énergie ont continué dans l'ensemble à augmenter et accroissent la pression inflationniste dans de nombreux secteurs. Le risque d'effets de second tour s'en trouve donc renforcé".

Des taux négatifs efficaces

L'appréciation du franc, qui a pris 7% depuis la précédente relevée du taux directeur mi-juin, a joué en faveur de la BNS. "Cette appréciation contribue à resserrer les conditions monétaires et à atténuer la pression inflationniste", a expliqué Thomas Jordan.

Revenant sur la longue période de taux négatifs, M. Jordan a estimé qu'ils avaient été efficaces. "Son utilité en termes de politique monétaire a été clairement supérieure à ses effets indésirables".

Concernant les perspectives économiques, le responsable a souligné que "la croissance de l'économie mondiale a nettement ralenti ces derniers mois" et devrait rester faible ces prochains trimestres. Elle est freinée notamment par la situation énergétique en Europe, par les pertes de pouvoir d'achat dues au renchérissement et par le durcissement des conditions de financement.

Mais la situation énergétique pourrait encore se détériorer, a-t-il averti. "La forte inflation pourrait se prolonger, ce qui exigerait des réponses plus vigoureuses des politiques monétaires à l'étranger. Enfin, la pandémie de Covid-19 continue de faire peser sur la croissance d'importants risques à la baisse", a énuméré M. Jordan.

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