En août dernier, Covéa, à la tête d'un peu plus de 8% du capital de la Scor, avait proposé de racheter le réassureur à 43 EUR par action. Une proposition sèchement repoussée par sa cible, qui la jugeait non seulement trop faible mais aussi non concertée et sans intérêt stratégique. Mi-novembre, Thierry Derez, le président de Covéa, avait quitté son siège d'administrateur du réassureur. Depuis, aucune information n'était parvenue sur la place publique. Du moins jusqu'à aujourd'hui et la diffusion à la mi-journée d'un communiqué de Covéa, qui annonce renoncer à un rachat de la Scor, qui n'a pas voulu nouer le dialogue depuis août. "Les attaques et manœuvres hostiles et répétées dont Covéa a fait l'objet depuis lors se sont intensifiées ces derniers jours", a même écrit le groupe mutualiste.

Le PDG, Covéa et les banques conseil mis en cause
 
Il n'en fallait pas plus, hormis peut-être aussi la chute du titre en bourse, pour provoquer la fureur de la Scor, qui s'est fendue deux heures plus tard d'un long communiqué particulièrement offensif. On peut y lire que le groupe de Denis Kessler a découvert "avec stupeur" le communiqué diffusé par Covéa "pendant les heures de cotation" (ce qui n'est pas très fair-play, mais pas, de notre point de vue, répréhensible) et qu'il a décidé de porter l'affaire devant l'AMF et les juridictions compétentes. Le réassureur évoque des "faits et preuves" suffisamment graves pour engager des procédures judiciaires visant Thierry Derez et Covéa, mais aussi les banques Barclays et Rothschild. Notamment, sont évoquées des transmissions et des utilisations illicites de documents confidentiels. Le groupe en profite pour saluer la décision du Crédit Suisse de se retirer du projet "pour des raisons liées au respect de la conformité et des lois et règlements en vigueur".

Des procédures à Paris et à Londres 

Scor a saisi la justice pénale française pour abus de confiance contre le PDG et recel d'abus de confiance contre Covéa, et la justice civile britannique contre les deux banques pour "violation grave de la confidentialité et du secret des affaires". Le réassureur annonce en parallèle dans son communiqué une volonté d'intenter une action en responsabilité civile contre Thierry Derez pour "violation grave de ses obligations légales et fiduciaires… et du secret des affaires" en tant qu'administrateur de Scor, et contre Covéa pour "avoir directement participé et bénéficié des manquements graves de Monsieur Thierry Derez".