Après neuf exercices de croissance soutenue — le chiffre d'affaires passe de €67 à €338 millions entre 2012 et 2021, soit un taux annualisé de 20% — l'année 2022 marque un premier ralentissement, avec des ventes qui atteignent $347 millions et une profitabilité durement impactée par la hausse de la structure de coûts.

A la décharge du groupe, les trois premiers trimestres de l'exercice qui s'achève auront été marqué par une véritable tétanie économique outre-Rhin, conséquence directe de la crise énergétique suite à l'invasion de l'Ukraine.

La conjoncture s'est toutefois ressaisie en fin d'année puisque le quatrième trimestre est le meilleur jamais réalisé par secunet. Ceci incite le management à prévoir un chiffre d'affaires de €375 millions pour 2023, soit une croissance de 9.5%. Si les choses s'améliorent, le ralentissement semble donc se confirmer.

La génération de cash, négative pour la première fois depuis dix ans, souffre pareillement en 2022. C'est le résultat d'une grosse aspiration du besoin en fonds de roulement pour faire face à la reprise soudaine des commandes sur le dernier trimestre. En parallèle, le groupe réalisé une acquisition à €50 millions — celle du spécialiste du cloud SysEleven, qui lui permet d'intégrer toute la chaîne de valeur. 

Il n'y a pas matière à s'alarmer car secunet défend toujours un excellente bilan, sans dettes, et reste contrôlé à hauteur de 75% du capital par Giesecke + Devrient — une référence de l'impression sécurisée : billets, passeports, etc. 

Il sera toutefois essentiel de parvenir à s'émanciper de la sphère publique et percer dans la sphère privée pour assurer de futurs relais de croissance. Là réside le principal risque  car, l'expérience le prouve, cette transition est souvent plus difficile qu'escompté. Palantir, pour ne citer que lui, en fournit d'ailleurs un exemple illustratif. 

secunet est valorisé à près de x40 ses profits, c'est-à-dire sur un plancher à long terme par rapport à sa fourchette historique comprise entre x40 et x70 les profits. Le marché, on le voit, a ici toujours oscillé entre optimisme et euphorie. A ce titre, nul doute qu'une nouvelle déception au niveau de la croissance serait fort mal accueillie.