(Actualisation: réaction d'Intelsat aux informations du Financial Times, réaction en Bourse)

Par Dimitri Delmond

PARIS (Agefi-Dow Jones)--SES décroche en Bourse jeudi, les investisseurs s'interrogeant sur la stratégie de l'opérateur de satellites luxembourgeois en matière de fusions et d'acquisitions et faisant fi de la publication de résultats légèrement supérieurs aux prévisions des analystes au titre du deuxième trimestre.

A 15h25, le titre abandonnait 8,9% à 7,08 euros, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice SBF 120.

Selon le Financial Times, qui cite plusieurs sources proches du dossier, SES et son concurrent américain Intelsat ont engagé des discussions en vue d'un potentiel rapprochement. Un tel attelage donnerait naissance à un acteur réalisant un chiffre d'affaires de 4 milliards de dollars, soit environ 3,9 milliards d'euros, par an.

Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole d'Intelsat n'a pas souhaité réagir à ces informations. Néanmoins, l'entreprise "compte jouer un rôle de premier plan" dans la transformation en cours de son industrie, a-t-il précisé. "Nous pensons que les partenariats entre les entreprises de communications par satellite et le regroupement de capacités complémentaires peuvent stimuler la concurrence, ce qui profite aux clients et aux personnes du monde entier qui comptent sur une connectivité sans faille", a ajouté ce représentant d'Intelsat.

Lors d'une conférence avec des journalistes, Steve Collar, le directeur général de SES, n'a pas souhaité s'exprimer au sujet des spéculations. Par le passé, le dirigeant "a affirmé à plusieurs reprises que la poursuite de la consolidation serait bénéfique pour le secteur, en particulier les fusions 'horizontales' (plutôt que 'verticales'), comme ce serait le cas si SES fusionnait avec Intelsat", observe Berenberg.

Des discussions entre SES et Intelsat seraient légitimes alors que le secteur des télécommunications par satellite accélère sa mutation grâce à l'émergence de nouveaux acteurs, tels que Starlink (SpaceX) et Kuiper (Amazon), et au gré d'une intense consolidation. Après l'annonce de l'acquisition de la société britannique Inmarsat par le groupe américain Viasat en novembre 2021, l'opérateur français Eutelsat a dévoilé la semaine dernière son projet de rachat d'un autre acteur britannique : OneWeb.

De multiples inquiétudes

"A la lumière des récentes annonces concernant Eutelsat et OneWeb", l'ouverture de discussions entre SES et Intelsat dans l'optique d'un rapprochement "relèverait d'une suite logique", mais "soulèverait des inquiétudes quant au risque d'exécution et à l'effet de levier", avertit Citi. La société amérciaine est sortie au début de l'année de la protection de la loi sur les faillites aux Etats-Unis lestée d'une dette nette de 7 milliards de dollars. Au 30 juin 2022, la dette nette ajustée de SES ressortait à 3,31 milliards d'euros.

"Le risque d'une transaction compliquée est clairement présent dans l'esprit des investisseurs", appuie Société Générale. L'union entre SES et Intelsat pourrait déplaire aux autorités de la concurrence, alors que les deux sociétés détiennent chacune une part d'environ 20% du marché mondial des services de télécommunications fixes par satellite. Un tel mariage devrait également recevoir la bénédiction de l'Etat luxembourgeois, qui contrôle 33,3% du capital de SES et qui chercherait probablement à conserver une influence forte sur la structure fusionnée.

Dans ce contexte, le marché préfère ignorer pour l'instant les synergies que pourrait dégager l'entité issue d'une potentielle fusion entre SES et Intelsat. Les deux entreprises offrent des produits similaires en même temps qu'elles évoluent plutôt sur les mêmes zones géographiques, remarque Deutsche Bank. La banque d'affaires regrette également que les investisseurs ignorent les récentes performances financières de SES et la confirmation de son plan de vol pour cette année.

Au deuxième trimestre, le groupe luxembourgeois a réalisé un chiffre d'affaires de 451 millions d'euros, en baisse de 2,7% sur un an en données organiques, mais supérieur de 1,3% aux prévisions des analystes, selon JPMorgan. Son excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté s'est établi à 271 millions d'euros sur la période, dépassant de 3% les anticipations du consensus. Pour l'exercice en cours, SES prévoit toujours un chiffre d'affaires compris entre 1,75 milliard et 1,81 milliard d'euros, ainsi qu'un Ebitda ajusté compris entre 1,03 milliard et 1,07 milliard d'euros.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

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August 04, 2022 09:27 ET (13:27 GMT)