Un temps perçu comme repreneur potentiel, KKR a finalement choisi de battre en retraite. Selon toute vraisemblance, l’affaire risque donc de coûter très cher aux actionnaires du groupe, parmi lesquels on retrouve au premier chef de grands fonds de pension canadiens et britanniques, ainsi que des fonds souverains émiratis et chinois.
Les deux grandes entreprises de gestion de l’eau cotées au Royaume-Uni, Severn Trent et United Utilities, ne sont pas non plus au meilleur de leur forme. Toutes deux affichent une valeur d’entreprise équivalente de £16.8 milliards et sont valorisées pour des rendements sur dividendes identiques, pile sur leur moyenne historique.
Or, positionné sur la région des Midlands, Severn Trent a vu son profit par action décliner dramatiquement sur le dernier cycle décennal 2016-2025, de £1.3 à £0.8. Durant la période, la faible croissance du cash-flow d’exploitation — de £764 à £912 millions — n’a pas du tout permis d’absorber l’explosion de l’intensité capitalistique, avec des investissements de £444 millions en 2016 contre £1.6 milliard en 2025.
En conséquence, la dette nette passe de £5 à £8.6 milliards, en sus de deux augmentations de capital, une de petite taille et une autre tout à fait conséquente de £1 milliard en 2024. Plus grave, la distribution de dividendes n’est plus couverte par le cash-flow libre depuis trois ans, ce qui curieusement ne s’est pas encore ressenti sur le cours du titre.
Même chose chez United Utilities, concentré pour sa part sur la région du Nord-Ouest, et notamment l’agglomération de Manchester. On y observe là aussi une érosion du profit par action entre 2016 et 2025, de £0.6 à £0.4, tandis que la dette nette augmentait de £6.8 à £9.1 milliards et que la distribution de dividende n’est là aussi plus couverte depuis trois ans.
Malgré la dégradation de leur situation financière, les deux groupes ont continué d’augmenter régulièrement leurs distributions de dividendes. Sauf inflexion radicale, il y a ici un mode de gestion intenable et une potentielle bombe à retardement qui, comme chez Thames Water, menace d’exploser bientôt — en particulier à l’aube d’un nouveau cycle de modernisation des infrastructures.