Sous l’impulsion de son directeur général Wael Sawan, confirmé dans ses fonctions, Shell a décidé de miser gros sur le gaz naturel liquéfié avec pour ambition de devenir le numéro un mondial du secteur. 

Seul un cinquième des actionnaires ont exprimé des réserves, quoique timides puisque celles-ci se bornaient à exiger davantage de détails et de transparence. Les quatre autres cinquièmes ont eux approuvé sans détour la stratégie de Sawan.

Ce dernier a raison de souligner que le gaz naturel — la source d’énergie en plus forte croissance dans le monde — est le maillon essentiel de la transition énergétique. 

C’est lui le premier substitut du charbon, plutôt que les renouvelables ou le nucléaire dont les parts dans le mix énergétique global n’ont pas augmenté. Cette dynamique n’est nulle part plus évidente qu’aux Etats-Unis. 

Le pari de Shell est qu’elle sera désormais à l’oeuvre en Asie, où la demande de gaz naturel liquéfié devrait augmenter de 60% d’ici 2040. Le besoin est pressant lorsque l’on sait que la Chine entend continuer de construire de nouvelles centrales à charbon jusqu’en 2027.

Il y a deux ans à peine, elle autorisait encore les nouvelles constructions à un rythme de deux nouvelles centrales à charbon par semaine.

Les majors européennes ont donc bel et bien enterré les vaines chimères du passé. Shell assume parfaitement cette stratégie depuis déjà quelques temps, là où le norvégien Equinor — l’ancien Statoil — donnait davantage dans le « greenwashing » sans perdre de vue ses intérêts réels.

Voir à ces sujets Shell confirme son grand pivot stratégique et Equinor : Bons baisers de Johan Sverdrup.

C’est chez BP que le retard à l’allumage aura été le plus long. Mais sous l’impulsion des redoutables activistes d’Elliott, la major britannique a entrepris de se réorienter dans les hydrocarbures après un cycle d’investissements désastreux dans les renouvelables. Voir à ce sujet L'espoir pointe à l'horizon pour BP

Face aux rumeurs insistantes d’une potentielle fusion entre Shell et BP, Wael Sawan indiquait plus tôt ce mois-ci que son groupe préférait racheter ses propres titres plutôt que d’envisager un rachat de son compatriote. 

Les analystes de Zonebourse ont tendance à penser que ces commentaires à l’acide sont un bluff visant à prévenir une trop forte hausse du titre BP si la rumeur se concrétisait.