* Les mandats présidentiels ne seront plus limités à deux

* Le second mandat présidentiel de Xi Jinping commence en mars

* Il a entamé son deuxième mandat de numéro un du PCC l'an dernier (Actualisé avec détails, contexte)

par Ben Blanchard et Sue-Lin Wong

PEKIN, 25 février (Reuters) - Le Parti communiste chinois (PCC) a présenté dimanche une réforme de la Constitution qui abolit la règle limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, une mesure qui en théorie permettrait à Xi Jinping de se maintenir indéfiniment à la tête de l'Etat.

Depuis qu'il est devenu président il y a cinq ans, Xi a largement façonné le parti à sa main, écartant nombre de dirigeants autrefois considérés comme intouchables dans le cadre de sa guerre contre la corruption.

L'agence officielle Chine nouvelle qui a relayé dimanche l'annonce de la réforme fournit peu de détails sur son contenu, précisant simplement que l'initiative émane de comité central du PCC et qu'elle concerne également la vice-présidence.

"Le comité central du Parti communiste chinois a proposé de supprimer de la Constitution l'expression selon laquelle le président et le vice-président de la République populaire de Chine n'accompliront pas plus de deux mandats consécutifs", écrit l'agence Chine nouvelle.

Xi Jinping, qui est âgé de 64 ans, doit en principe, selon la Constitution chinoise, démissionner de la présidence de la République au terme de deux mandats de cinq ans.

Le premier mandat est en train de s'achever et le président doit être formellement élu pour un second mandat lors de la réunion annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le parlement chinois, qui s'ouvre le 5 mars.

Il n'y a en revanche pas de limitation de durée pour le poste de secrétaire général du PCC, le véritable poste de numéro un chinois, ainsi qu'à celui de chef des armées, bien qu'une durée maximum de dix ans soit la règle généralement suivie.

Xi Jinping a entamé son second mandat de numéro un du PCC et de l'armée en octobre, à la fin du congrès du parti qui a lieu tous les cinq ans.

Le comité central, qui doit se réunir en plénum pendant trois jours à compter de lundi, a également proposé d'insérer "la pensée de Xi Jinping sur un socialisme aux caractéristiques chinoises pour une Nouvelle ère" dans la Constitution, ajoute l'agence officielle de presse.

UNE NOUVELLE NOTION DE CHEF

Dans le cadre des réformes, le PCC propose aussi d'inscrire dans la Constitution un nouvel organisme anti-corruption, la Commission de supervision, rapporte Chine nouvelle.

Les intentions de Xi Jinping concernant son ambition et sa volonté de rester au-delà des dix ans prévus par la Loi fondamentale font l'objet de spéculations récurrentes.

Le Congrès du PCC qui s'est tenu en octobre s'est achevé sans désigner un successeur clairement identifié pour Xi.

En théorie, le rôle de président du parti est bien plus important que celui de chef de l'Etat et à terme, Xi pourrait se voir confier une fonction au sein de l'appareil qui lui permettrait de demeurer au pouvoir aussi longtemps qu'il le souhaite.

Actuellement, Xi Jinping est secrétaire général du PCC. Seuls trois dirigeants chinois, Mao Zedong, Hua Guofeng et Hu Yaobang ont été présidents du PCC depuis la création de la république populaire en 1949. Le titre n'a plus été utilisé par la suite.

"Que Xi devienne président du parti ou qu'il demeure secrétaire général n'a pas grande importance. Ce qui compte est qu'il détienne le pouvoir", a commenté Zhang Ming, professeur de sciences politiques à l'université Renmin de Pékin.

"Les titres n'ont pas en Chine l'importance qu'ils ont en Europe. Ce qui compte ici, c'est si vous êtes l'empereur. En Chine, l'homme de la rue considère déjà Xi Jinping comme l'empereur", précise-t-il.

La presse officielle utilise de plus en plus fréquemment le terme "lingxiu" pour qualifier Xi au détriment du terme "lingdao". Tous deux peuvent se traduire par dirigeant mais "lingxiu" évoque une notion de grandeur, presque spirituelle, contrairement à "lingdao" qui renvoie à une notion plus ordinaire du chef.

(Sue-Lin Wong et Ben Blanchard; Danielle Rouquié pour le service français)