Zurich (awp) - Sika n'a que marginalement souffert des effets de la pandémie de Covid-19 après neuf mois. Le chimiste de spécialités, essentiellement destinées à la construction, a certes subi un tassement de ses ventes et, dans une moindre mesure, de sa rentabilité. Mais celle-ci a largement dépassé les attentes et le groupe zougois a reconfirmé ses objectifs à moyen terme.

Le chiffre d'affaires net a reculé de 3,4% sur un an, à 5,8 milliards de francs suisses, a indiqué jeudi l'entreprise établie à Baar. Les acquisitions ont contribué aux ventes à hauteur de 9,2%, Sika s'étant notamment emparé en mai 2019 du producteur de mortier français Parex, la plus grosse acquisition de l'histoire du groupe.

L'évolution organique en matière de ventes s'est cependant révélée négative, soit un recul de 6,6%. Hormis les conséquences de la pandémie, Sika a également souffert de la vigueur du franc, les effets de changes pesant à hauteur de 6,0%, soit 357 millions de francs suisses. Le groupe, dont les ventes s'étaient contractées de 10,5% après six mois en 2020, indique encore être parvenu à gagner des parts de marché, alors que la reprise est intervenue en juin dans la construction.

Depuis les revenus ont retrouvé un niveau jugé normal. Sika note que le chiffre d'affaires réalisé en Chine au cours des derniers a affiché une croissance à deux chiffres.

Bénéfice nettement supérieur aux attentes

La rentabilité a également fléchi, reflet de la faible performance pendant la première vague de Covid-19 en mars, avril et mai. Le résultat d'exploitation (Ebit) s'est contracté de 1,1% à 797,4 millions de francs suisses. Après six mois, il avait chuté de 15%. La marge correspondante s'est fixée à 13,7%, après avoir grimpé à 17,7% durant le seul 3e trimestre.

La marge brute s'est quant à elle améliorée de 1,1 point à 54,6%. Au final, le bénéfice net s'est tassé d'à peine 0,9% à 561,5 millions de francs suisses.

Alors que le chiffre d'affaires s'est révélé quasiment conforme aux attentes des analystes interrogés par AWP, les indicateurs de rentabilité les ont clairement dépassées. Les experts avaient en moyenne anticipé des revenus de 5,82 milliards de francs suisses, un Ebit de 728 millions et un bénéfice net de 506,5 millions.

Croissance en Asie-Pacifique

Ventilés selon les régions, les revenus libellés en francs suisses ont fléchi dans toutes les régions, à l'exception de l'Asie-Pacifique, laquelle a affiché une croissance de 8,3% à 1,2 milliard de francs suisses (+13,9% à taux de change constants).

Dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), laquelle génère plus de la moitié des ventes, le repli s'est inscrit à 1,4% à 2,55 milliards. En devises locales les revenus y ont cependant crû de 3,8%.

Depuis juin, la région a enregistré une nouvelle fois une légère croissance organique, les plus fortes reprises étant intervenues en Europe du Sud, zone très affectée par la première vague de la pandémie, ainsi qu'au Moyen-Orient et en Europe de l'Est.

Le centre du Vieux Continent a présenté une évolution plus stable, alors que le Royaume-Uni continue d'être affectée par la pandémie.

En dépit d'importants taux d'infection au Covid-19, au Mexique, au Brésil et aux Etats-Unis, la région Amériques a dégagé des ventes en hausse de 0,9% en monnaies locales (-6,8% en francs suisses) à 1,5 milliard de francs suisses.

Evoquant ses perspectives, Sika a confirmé les objectifs définis dans le cadre de la "stratégie 2023", après les avoir suspendus en raison de la pandémie. Sika anticipe une croissance annuelle du chiffre d'affaires comprise entre 6 et 8%, ainsi qu'une marge Ebit - seulement à partir de l'exercice 2021 - de l'ordre de 15 à 18%.

"Sika entend tirer profit du potentiel commercial qu'offrent les programmes d'infrastructure mondiaux ainsi que la demande accrue en matière de rénovations", a indiqué le directeur général Paul Schuler, cité dans le communiqué. Selon le patron de la société de Suisse centrale, Sika sortira renforcé de la crise.

Pour l'année en cours, les recettes libellées en francs suisses devraient ressortir en "légère" baisse, tandis que l'Ebit devrait rester stable après avoir enregistré une forte croissance au second semestre. Dans ses perspectives, le chimiste zougois ne s'attend cependant pas à ce que l'activité soit impactée par de nouveaux confinements.

A la Bourse suisse, l'action Sika a fait la course en tête du SMI, décollant de plus de 2,5% à 234,20 francs suisses, alors que l'indice des valeurs vedettes a grappillé 0,09%.

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