* Un "comité électoral" de 1.200 membres votera dimanche

* Manifestations de masse contre les "interférences" de Pékin

* La candidate pro-Pékin Carrie Lam favorite

par James Pomfret

HONG KONG, 25 mars (Reuters) - Un collège électoral réduit choisira dimanche le nouveau chef de l'exécutif de Hong Kong, lors d'une élection entachée par des accusations d'ingérence de Pékin dans la région administrative spéciale.

Une large majorité des 7,3 millions de ressortissants de la métropole n'auront pas voix au chapitre puisqu'un "comité électoral" de 1.200 membres, dont de nombreux soutiens de Pékin et loyalistes chinois, procèdera au vote.

Trois candidats sont en lice, dont deux responsables politiques, Carrie Lam and John Tsang, et un ancien juge, Woo Kwok-hing. La Première Secrétaire de l'administration sortante, Carrie Lam, est donnée favorite.

"J'espère que nous nous rappellerons tous le 24 mars 2017, que nous, peuple de Hong Kong, sommes rassemblés et avons donné notre bénédiction sincère en faveur d'un Hong Kong meilleur et plus uni", a déclaré le secrétaire aux Finances sortant John Tsang devant des milliers de ses partisans rassemblés vendredi soir.

Des manifestations de masse sont prévues ce week-end pour dénoncer les "interférences" de Pékin dans l'élection.

Les manifestants dénoncent notamment les pressions de la Chine auprès du collège électoral en faveur de Carrie Lam, au détriment de John Tsang, jugé plus conciliant à l'égard des souhaits d'autonomie des Hongkongais, et, selon ses partisans, mieux à même de désamorcer les tensions.

Depuis la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997, Pékin a progressivement augmenté sa mainmise sur le territoire, en dépit de promesses de libertés et d'autonomie accordées à Hong Kong en vertu du principe "un pays, deux systèmes".

Pékin avait également assuré que le suffrage universel serait à terme instauré dans la région, sans préciser de calendrier. Les Hongkongais espéraient un vote direct d'ici cette année.

AVOIR LA "CONFIANCE" DE PÉKIN

Certains observateurs redoutent que Lam ne perpétue la politique pro-Pékin du dirigeant sortant, Leung Chun-ying, qui avait ordonné l'usage de gaz lacrymogènes contre les manifestants pro-démocratie de la "révolte des parapluies", en 2014, et a été accusé de ne pas défendre l'autonomie, ni les valeurs de Hong Kong.

L'opposition entre Pékin et les défenseurs de l'indépendance et de la transition démocratique a mobilisé une nouvelle génération mais a pesé sur l'économie de la ville, classée 33e mondiale par la Banque mondiale en 2015. Les dissensions ont en outre ralenti certains grands projets d'infrastructure (train à grande vitesse vers la Chine, projet de pôle culturel).

L'arrestation par Pékin de cinq libraires hongkongais portés disparus en octobre, ainsi que la disparition d'un milliardaire chinois cette année ont alimenté les craintes d'une remise en cause du principe "un pays, deux systèmes".

Si le gouvernement chinois n'a pas soutenu officiellement de candidat, des responsables ont souligné que le nouveau chef de l'exécutif de Hong Kong devrait satisfaire certaines conditions, et notamment avoir la "confiance" des dirigeants communistes.

"Rien que parce qu'un candidat domine les sondages de popularité, cela ne signifie pas nécessairement qu'il faut voter (pour cette personne)", a déclaré vendredi le dirigeant sortant Leung Chun-ying.

Près de 2.000 policiers entoureront le bureau de vote du front de mer de la ville en prévision d'éventuels désordres. (Avec Venus Wu et Greg Torode; Julie Carriat pour le service français)