Les investisseurs sont en mode Ghostbusters à Wall Street où l'action Snap dévisse de 40% à 13,50 dollars au lendemain de son avertissement. Le titre avait été introduit en Bourse en mars 2017 à 17 dollars ! La sanction est sans appel pour la maison-mère du service de messagerie Snapchat, dont le logo est un fantôme. Elle est d'autant plus lourde que la valeur affichait un PER 2022 de 70 hier soir et que les objectifs annuels datent de moins d'un mois. Snap affichait alors une croissance solide de 30%.

" Depuis que nous avons publié nos objectifs le 21 avril 2022, l'environnement macroéconomique s'est détérioré davantage et plus rapidement que prévu. Par conséquent, nous pensons qu'il est probable que nous fassions état d'un chiffre d'affaires et d'un EBITDA ajusté inférieurs à l'extrémité inférieure de notre fourchette de prévisions pour le deuxième trimestre 2022 " a déclaré la société dans un document déposé auprès de la SEC.

Sur le trimestre en cours, les revenus étaient attendus en croissance de 20% à 25% et l'Ebitda ajusté entre 0 et 50 millions de dollars.

" Alors que de nombreux investisseurs étaient conscients du ralentissement du marché de la publicité numérique, l'ampleur de la décélération est surprenante, étant donné que les prévisions actualisées impliquent que la croissance du chiffre d'affaires pourrait ralentir pour atteindre une croissance annuelle de l'ordre de 10 % ou pire en mai/juin " observe Jefferies. Il ajoute que la croissance des revenus publicitaires de Snap augmentait de 30% jusqu'à fin avril.

" Mathématiquement, cela signifie que la croissance des revenus de Snap pour les 10 dernières semaines du trimestre sera de 15 % ou moins ; c'est une détérioration très rapide " ajoute Bernstein. Pour cet analyste, cette mise à jour des prévisions reflète un ralentissement important du chiffre d'affaires moyen par abonné, qui serait dû au fait que les annonceurs renforcent leurs exigences en matière de retour sur investissement, compte tenu de l'évolution de la demande discrétionnaire.

" Comme de nombreuses entreprises, nous continuons à faire face à la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt, aux pénuries liées à la chaîne d'approvisionnement et aux perturbations sur le marché du travail, aux changements de politique des plateformes, à l'impact de la guerre en Ukraine, etc " a expliqué le Directeur général, Evan Spiegel, à ses employés dans un mémo. Dans ce contexte, Snap va chercher de nouvelles économies et ralentir ses recrutements.

" La question clé, à notre avis, est de comprendre dans quelle mesure il s'agit simplement d'une faiblesse macroéconomique (dont l'entreprise peut finalement se remettre) par rapport à l'impact concurrentiel de TikTok (risque supplémentaire pour la valorisation) ", souligne pour sa part UBS.

Snap rejoint la liste de plus en plus longue de sociétés émettant des avertissements en raison de la dégradation de la situation macroéconomique. Le secteur de la distribution avait fortement souffert pour ces raisons la semaine dernière. Plusieurs autres sociétés de cette industrie ont lancé des avertissements aujourd'hui, dont Abercrombie & Fitch, qui chute de près de 30%.

Les autres valeurs américaines dont le fonds de commerce est fondé sur la publicité sur Internet sont aussi pénalisées par cet avertissement (Meta, Twitter, Alphabet...), de même que les grands groupes de communication : Publicis, Omnicom…