La plate-forme revendique 414 millions d'utilisateurs actifs et quotidiens fin 2023, soit 10% de plus que l'an passé. Difficilement vérifiables, ces calculs sont bien entendu sujets à caution. Ce qui est moins douteux, c'est la stagnation du chiffre d'affaires et de la perte d'exploitation, qui reste elle parfaitement inchangée par rapport à 2022.

Snapchat est-elle une entreprise gérée dans l'intérêt de ses actionnaires ou de ses employés ? Depuis son introduction en bourse début 2017, ces derniers se sont distribués plus de $8 milliards en stock-options, tandis que les premiers voyaient leur capital divisé par deux. Ceci, face à un Nasdaq qui triplait sur la période. 

La contre-performance est donc criante. Sur les cinq dernières années, Snapchat cumule $5.2 milliards de pertes. Là encore, c'est peu ou prou ce que les employés se sont distribués en stock-options. On s'étonne que l'entreprise n'ait pas été davantage la cible de fonds activistes prompts à dégainer sur bien moins scandaleux. 

Même si l'on décidait de s'arrêter aux flux de trésorerie sans tenir compte de ces rémunérations dites "non-cash" — un retraitement audacieux vu que les stock-options représentent plus du quart du chiffre d'affaires — le free cash-flow par action reste à zéro. 

A plus long terme, si le chiffre d'affaires de Snapchat triple en cinq ans, entre autres grâce à la révision du modèle publicitaire entamée en 2021, la perte d'exploitation reste tout à fait substantielle : $1.2 milliard en 2018, contre $1.4 milliard en 2023.

Non contente de perdre de l'argent, l'entreprise voit en plus sa dette nette quadrupler en cinq ans. L'année dernière, elle souscrivait $1.5 milliard d'endettement supplémentaire pour racheter ses propres actions à hauteur d'un montant de $1 milliard. 

En pratique, cette opération consistait à limiter la dilution des actionnaires plutôt qu'à leur retourner du capital. Il ne serait donc pas insensé de plutôt la désigner comme une charge d'exploitation.