volontairement de leur entreprise

PARIS (awp/afp) - Michelin la semaine dernière, JCDecaux, Sanofi ou la Société générale auparavant: de nombreuses entreprises suppriment des emplois sans départs "contraints", via des plans de départs volontaires (PDV) ou ruptures conventionnelles collectives (RCC), l'occasion pour des salariés de fuir "la pression", selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Mais l'"aubaine" se transforme parfois en cauchemar.

"Plus à ma place"

"Ça faisait quelque temps que je ne me sentais plus à ma place et que je réfléchissais à quitter l'entreprise. Le déclencheur a été le licenciement injuste d'un collègue et un mode de fonctionnement managérial, du monde du travail en général dans lequel je ne me reconnais pas." Mère célibataire de 44 ans, Clémence va laisser son poste d'assistante technique "sans perspectives d'évolution" chez JCDecaux, à Toulouse, pour se reconvertir "dans l'hypnothérapie", grâce à une RCC validée en octobre par les syndicats. "Quand j'ai appris que je pouvais bénéficier d'une aide à la formation et à la création d'entreprise", partir "est devenu évident".

"Lever le pied"

Pour Éric, un départ anticipé à "un an et demi de la retraite", c'est "l'occasion de lever le pied" après plus de 37 ans chez JCDecaux. Afficheur à Angoulême, le sexagénaire savoure "le chèque" d'indemnités prévues par l'accord de RCC. Il aura "plus de temps libre pour voyager et entreprendre des travaux dans la maison", même s'il va commencer "un CDD de six mois dans le même secteur d'activité".

"L'attrait financier"

"Le plus vieux dans (s)a petite équipe", Richard, 58 ans, a jugé "légitime" d'être "candidat" au départ. Directeur en région parisienne avec "40 ans d'ancienneté" chez JCDecaux et "près de 6.000 euros net" par mois, il reconnaît "l'attrait financier" des indemnités défiscalisées de la RCC. Lui qui serait "parti à la retraite avec une prime de fin de carrière taxée à plus de 40% par l'État". À son agenda: une "formation de crêpier" à Fouesnant (Finistère) et "peut-être" ouvrir une crêperie.

"Effet d'aubaine"

Partir via une RCC, "je l'ai pris comme un effet d'aubaine, parce que les pressions commerciales dans les banques sont de plus en plus fortes. Ces dernières années, aller au travail n'était plus du tout un plaisir", raconte Joël Le Quéau, ex-conseiller de clientèle à la Société générale dans le Finistère, en pré-retraite depuis fin 2018 avec une "perte de 30%" de ses revenus. Regrette-t-il? "Ah non ! Ç'a été salutaire." "Je souhaitais partir, je n'avais plus de crédit" à rembourser, plus d'enfants à charge. Et "mon départ a permis le reclassement d'une jeune collègue dont le poste était supprimé".

"Forte pression"

Une pré-retraite avec "70% de mon salaire, cela aurait trop juste" financièrement. Et "trouver un emploi, c'était très compliqué à trois ans de la retraite". Mais rester à la Société générale, avec "la forte pression, à mon âge, je ne pouvais plus". Fin 2020, Catherine Brun décide donc à 59 ans, "motivée et confiante", de créer sa microentreprise à Hyères (Var) "pour aider les personnes âgées à domicile, leur apporter une assistance administrative, de la compagnie". Avec l'indemnité de départ "intéressante" de la RCC, "j'ai pu rembourser mes crédits et aider ma fille".

"Très contente"

"Au bout de 15 ans, je n'étais plus du tout en adéquation avec la politique de l'entreprise." Marion (*), trentenaire élevant seule deux enfants dans le Loir-et-Cher, regrettait la "jovialité" de ses débuts à la Société générale. "Ça s'est beaucoup durci", avec "des pressions". En février 2020, elle apprend que son poste sera supprimé. Les offres de reclassement interne ne lui "conviennent pas". Depuis juillet et son départ de la banque, elle suit une "formation certifiante", payée par la RCC, de "praticienne en massage bien-être" pour devenir "salariée dans un institut". "Je suis très contente. Les autres sont angoissés pour moi, mais pas moi !"

"Je regrette"

En 2019, une RCC chez Sanofi convainc Antoine (*) de quitter son poste "très bien" payé de cadre dirigeant, devenu "pénible", avec "un problème de reconnaissance". Il signe "un CDI dans une structure plus petite". Mais "on m'a foutu dehors, viré pendant ma période d'essai, au prétexte que mon salaire était trop élevé". Depuis septembre 2019, ce père de famille quinquagénaire "cherche du boulot", une quête plus difficile "avec le Covid". "La vie peut très vite tourner. Avec le recul, je regrette."

(*): prénom modifié

ls-er/bfa/vk