Si l'heure est à la défensive dans la banque de détail traditionnelle des réseaux Société Générale et Crédit du Nord, elle est à l'offensive dans la banque en Ligne, Boursorama. Le rapprochement des deux réseaux, projet dévoilé fin septembre, se traduira par la suppression de près de 30% des agences. Boursorama compte pour sa part recruter 2 millions de clients dans les trois ans avant d'atteindre en 2024 une rentabilité plus du double de celle des réseaux. En hausse à l'ouverture, l'action Société Générale perd désormais 3,02% à 17,74 euros dans un contexte de baisse du secteur bancaire.

"Le groupe entend ainsi renforcer son positionnement différenciant sur le marché français en s'appuyant sur la complémentarité d'un modèle de banque de réseau alliant digital et expertise humaine et d'un modèle de banque entièrement digital", a souligné la banque dans son communiqué.

Le rapprochement des deux réseaux bancaires Crédit du Nord et Société Générale se traduira par la disparition de 600 agences d'ici 2025, leur nombre tombant à 1 500.

Interrogé lors d'une conférence de presse sur l'impact en termes d'emplois, Sebastien Proto, Directeur général adjoint, en charge des réseaux Société Générale et Crédit du Nord a indiqué qu'il était " prématuré " de ce prononcer sur ce sujet " à ce stade du projet ". Il a ajouté que la banque s'engageait à ce qu'il n'y ait aucun départ contraint. Sebastien Proto a rappelé que les départs naturels, dont les employés partant à la retraite, représentaient 1 500 personnes par an pour les deux réseaux.

L'objectif de cette fusion est d'améliorer la rentabilité de ce métier mis à mal par la faiblesse des taux d'intérêt et l'irruption de nouveaux acteurs : néobanques, Gafam, opérateurs télécoms...

Elle conduira à d'importantes synergies de coûts : plus de 350 millions d'euros en 2024 et environ 450 millions d'euros en 2025 par rapport à 2019. UBS juge que les économies attendues sont conformes aux anticipations du consensus. La base de coûts s'élèverait alors à 5 milliards d'euros.

Outre les fermetures d'agences, les économies viendront de l'utilisation d'un système informatique unique d'ici le premier semestre 2023 et du regroupement des fonctions centrales.

Cette restructuration devrait permettre à la banque détail d'atteindre une rentabilité des fonds propres normatifs d'environ 11% à 11,5% en 2025 en environnement Bâle 3 (soit un niveau de plus de 10% en régime Bâle 4). La rentabilité s'élevait à 10% l'année dernière et elle est retombée à 6,5% sur les 9 premiers mois de 2020.

Le coût du projet est, lui, estimé entre 700 et 800 millions d'euros, dont environ 70% en 2021, un montant considéré comme élevé par UBS. Sebastien Proto a, lui, fait remarquer qu'il s'inscrivait dans la fourchette classique pour ce type d'opération de 1,5 à 1,8 fois les économies réalisées.

Si l'heure est à la défensive dans la banque de détail traditionnelle, elle est à la conquête dans la banque en Ligne. Après avoir fait passer le nombre de ses clients de 0,75 million fin 2015 à plus de 2,5 millions actuellement, Boursorama compte en atteindre 4,5 millions de en 2025.

Cette phase accélérée de recrutements jusqu'en 2023 occasionnera une perte cumulée d'environ 230 millions d'euros sur la période. Sur les 9 premiers mois de 2020, Boursorama avait pourtant multiplié par deux sont bénéfice net à 43 millions d'euros, soutenu par une forte croissance de son activité.

Une fois normalisé le rythme d'acquisition des clients, les comptes de Boursorama repasseront dans le vert en 2024. Elle cible alors un résultat net d'environ 100 millions et d'environ 200 millions en 2025. Ce dernier montant représente une rentabilité sur fonds propres normatifs supérieure à 25% (en Bâle 4), une rentabilité bien supérieure à la banque de détail classique.