* Une initiative appelée à rassembler d'autres acteurs
* Les fonds y voient un intérêt avant tout économique
* Macron presse les banques françaises d'appliquer ce cadre
(Actualisé avec Macron et dirigeant du fonds d'Arabie saoudite)
PARIS, 6 juillet (Reuters) - Six grands fonds souverains ont
présenté vendredi à Emmanuel Macron une stratégie pour intégrer
le dérèglement climatique à leur politique d'investissement, qui
pourrait être adoptée par d'autres acteurs financiers et
influencer les entreprises.
Le président français a souhaité que ce cadre ou guide de
bonnes pratiques devienne un standard et a pressé les banques
françaises de l'appliquer dans leurs activités de gestion
d'actifs.
Les fonds d'Abou Dhabi, d'Arabie Saoudite, du Koweït, de
Norvège, de Nouvelle-Zélande et du Qatar expliquent qu'il s'agit
avant tout de protéger l'intérêt à long terme des populations au
nom desquelles ils gèrent quelque 3.000 milliards de dollars.
Ce cadre peut également "contribuer à infléchir la
trajectoire de l'économie mondiale vers une croissance
soutenable à long terme et éviter des risques catastrophiques
pour la planète", écrivent-ils dans le document présenté
vendredi.
L'engagement sur le dérèglement climatique fait sens du
point de vue économique et commercial, a insisté le dirigeant du
fonds souverain d'Arabie Saoudite, Yasir Al Rumayyan.
"Si ça fait sens du point de vue commercial, ce sera
soutenable et si c'est soutenable, ça va marcher", a-t-il dit
lors d'une conférence de presse avec Emmanuel Macron et la
Première ministre de Norvège, Erna Solberg, à l'Elysée.
"Si vous commencez par de la régulation et des politiques
publiques - avant que ça fasse sens du point de vue commercial -
ça ne marchera jamais", a-t-il ajouté.
A l'Elysée, on explique que l'influence de ces fonds est
telle qu'"on espère un effet ricochet qui va se diffuser dans
tout le système financier international".
D'autres fonds souverains, des gestionnaires d'actifs et des
fonds de pension sont intéressés par cette démarche, a précisé
Lawrence Yanovitch, qui coordonne le groupe de travail fonds
souverains du One Planet Summit organisé en France en décembre,
dont est issue cette initiative.
MACRON PRESSE LES BANQUES FRANÇAISES
Emmanuel Macron, qui s'est fait le champion de la défense de
l'Accord de Paris sur le climat depuis l'annonce du retrait des
Etats-Unis par Donald Trump, a promis de peser en ce sens.
"Si nous savons bien procéder - et nous y mettrons notre
force et notre entrain - il faut faire de ce document le
standard et réussir à avoir une stratégie de 'name and shame',
qui pousse à valoriser les asset managers qui rejoindront cette
stratégie et à un peu stigmatiser ceux qui refusent", a-t-il
dit.
"Nous avons à cet égard en France plusieurs asset managers,
dont les banques sont actionnaires, et dont je souhaite qu’ils
puissent se joindre à cette initiative, et nous allons les
encourager, et nous ferons pareil au niveau européen comme avec
les asset managers de tous les continents", a-t-il ajouté.
Le document souligne que les risques liés au changement
climatique seront plus importants "si les objectifs de l'Accord
de Paris ne sont pas atteints", à savoir une hausse des
températures inférieure à 2 degrés par rapport à la période
préindustrielle.
Ces fonds "encouragent les entreprises à répondre aux
questions liées au dérèglement climatique dans leur gouvernance,
leur stratégie, leur gestion des risques et leur communication"
et les invitent à communiquer de façon transparente sur ce
sujet, en utilisant des indicateurs standardisés.
Pour ces fonds, constitués pour la plupart grâce aux revenus
liés aux énergies fossiles, il s'agit de protéger leur future
rentabilité, en appréciant mieux les risques et en profitant
davantage des opportunités, expliquent-ils.
Pour ce faire, "les fonds souverains devraient envisager
d'accélérer leurs investissements dans des entreprises disposant
de technologies propres", lit-on dans le document.
Un nouveau point d'étape sur les engagements du One Planet
Summit sera fait le 26 septembre à New York.
(Jean-Baptiste Vey, avec Michel Rose, édité par Simon Carraud)
© Reuters 2018