Paris (awp/afp) - Banque privée en Suisse et au Royaume-Uni, banque de détail à Madagascar: la Société Générale a annoncé lundi trois nouvelles cessions de filiales dans le cadre du recentrage de ses activités mené par le nouveau patron Slawomir Krupa.
En banque privée, les deux filiales concernées - Société Générale Private Banking Suisse et SG Kleinwort Hambros au Royaume-Uni et dans les îles anglo-normandes - gèrent un portefeuille d'activités s'élevant à près de 25 milliards d'euros, a indiqué le groupe bancaire français dans un communiqué.
"Ces projets de cessions s'inscrivent dans l'exécution de la feuille de route stratégique de Société Générale», selon cette dernière.
L'acquéreur identifié est l'Union Bancaire Privée, UBP SA (UBP), une banque suisse spécialisée dans la gestion de fortune et d'actifs, pour un prix total d'environ 900 millions d'euros.
La cession de ces filiales survient quelques semaines après des annonces similaires portant sur la néobanque Shine, centrée sur des indépendants et des petites entreprises et sur la vente des activités de financement de biens d'équipement pour les entreprises, regroupées dans SGEF.
Le groupe danois Ageras est sur les rangs pour s'emparer de Shine, le français BPCE (rassemblement notamment les Banques populaire et les Caisses d'épargne) s'est positionné sur SGEF.
Des rumeurs de marché entourent depuis plusieurs trimestres d'autres branches, comme la filiale dédiée à la conservation de titres, Securities Services (SGSS), regroupant un ensemble de services financiers spécialisés.
Désengagement en Afrique
Géographiquement, c'est en Afrique où la cure d'amaigrissement de la Société Générale est la plus visible.
La banque au logo rouge et noir a déjà cédé sa filiale de banque de détail au Congo (en décembre 2023 à l'Etat) et au Tchad (en janvier 2024 au groupe Coris).
Elle est engagée dans des processus similaires au Bénin, au Togo, au Maroc, en Guinée Equatoriale, au Burkina Faso, au Mozambique et en Mauritanie.
Madagascar vient donc s'ajouter lundi à cette longue liste. C'est une des caisses de la Banque populaire, la Bred, qui a manifesté son intérêt pour reprendre cette activité. Basée en Ile-de-France et active à Mayotte et à La Réunion, la Bred ferait, à la faveur de cette acquisition dont le montant n'a pas été précisé, un bond en avant dans la région.
Des réflexions stratégiques, souvent prémices de cessions, sont par ailleurs en cours pour les filiales de banque de détail en Tunisie et au Ghana.
En à peine un an, Société Générale liquide un héritage souvent historique, notamment au Maroc où la banque était présente depuis plus d'un siècle.
Après la finalisation de ces cessions, la Société Générale ne sera plus active en banque de détail que dans cinq pays: l'Algérie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Cameroun et la Guinée Conakry, sur les 17 début 2023.
Le groupe bancaire adapte en conséquence ses fonctions centrales, avec la suppression annoncée en début d'année de 947 postes au siège parisien.
La cure est également drastique en France, où Société Générale réduit la voilure de 3.700 postes et plusieurs centaines d'agences dans le cadre de la fusion de ses deux réseaux de détail sous la bannière SG. L'essentiel de cet "effort" a lieu cette année.
D'aucun secours en Bourse
Ces annonces, synonymes d'argent frais et d'exécution du plan stratégique annoncé pour la banque, n'ont pas empêché lundi le titre d'être pénalisé en Bourse.
Le titre a perdu 1,70%, à 20,18 euros, dans un marché en baisse de 1,42%.
Il est passé temporairement sous la barre des 20 euros, un plancher jamais encore atteint depuis l'arrivée de Slawomir Krupa qui a repris le flambeau de Frédéric Oudéa à la tête du groupe en mai 2023.
Or ce dernier a pour mandat de faire remonter le cours de Bourse de la banque.
Société Générale enchaîne les revers boursiers depuis la publication jeudi des résultats du deuxième trimestre, pourtant supérieurs aux attentes des analystes mais entachés d'une révision à la baisse d'un objectif financier.
L'action a perdu près de 16% depuis la clôture mercredi.
afp/rp