Paris (awp/afp) - C'est "la plus importante crise de l'histoire" de Sodexo, selon son directeur général Denis Machuel: le géant de la restauration collective a vu son résultat net s'effondrer sur l'exercice annuel 2019-2020 en raison de l'épidémie de Covid-19, et se montre prudent pour la suite.

Sodexo, qui indique employer 420.000 personnes dans 64 pays fin août, contre 470.000 avant le déclenchement de la crise sanitaire, a réalisé sur son exercice décalé un chiffre d'affaires de 19,3 milliards d'euros, en baisse de 12% par rapport au précédent mais en ligne avec les attentes des analystes sondés par Factset.

Surtout, son résultat net part du groupe a fondu, d'un bénéfice de 665 millions d'euros l'année précédente à une perte de 315 millions d'euros sur cet exercice clos fin août.

Sodexo, qui proposait chaque jour à 100 millions de consommateurs des services allant de la restauration, l'accueil, l'entretien, le nettoyage et la maintenance technique d'installations jusqu'à une offre de crèches et de conciergerie, a été contraint de fermer de nombreux sites dans le monde depuis le début de la crise sanitaire.

"L'exercice 2019-2020 est une histoire en deux temps. Jusqu'à la fin du mois de février, nous étions sur la bonne voie (...) pour atteindre notre objectif de croissance organique de +4%. La crise du Covid-19 a interrompu cet élan positif", a décrit Denis Machuel, qui se dit convaincu que le groupe pourra sortir "renforcé de cette crise, malgré les disruptions auxquelles font face nos marchés".

Sodexo, qui organise une journée investisseurs le 2 novembre et publiera le chiffre d'affaires du 1er trimestre de l'exercice 2020-2021 le 8 janvier 2021, reste toutefois prudent pour la suite: s'il prévoit une "amélioration pour le premier semestre de l'exercice 2020-2021 par rapport au second semestre de l'exercice 2019-2020", celle-ci reste contenue, avec un objectif de -20 à -25% de chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente, contre une variation annuelle de -27,5% sur le S2 de l'exercice écoulé.

Pas de dividende

En outre, le groupe "continuera de recourir aux programmes gouvernementaux de soutien à l'emploi disponibles" tant "que les niveaux d'activités ne seront pas revenus à la normale". "Des mesures strictes de restructuration sont et continueront d'être prises pour protéger les marges à l'avenir, à mesure de la réduction" des programmes d'aides, explique aussi Sodexo.

Les effectifs du groupe ont déjà fondu dans certains pays, notamment aux Etats-Unis ou en Asie, et il a annoncé mardi un projet de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) "qui impliquerait la suppression nette de 2.083 postes" en France, ce à quoi s'ajoute "moins d'une centaine de postes" au siège.

En France, "on n'est pas loin de 2.500 suppressions de postes en comptant les 2.080 emplois dans la restauration collective, les 100 emplois sur 500 au siège du groupe, et les suppressions annoncées chez Lenôtre", avait observé mardi auprès de l'AFP Nabil Azzouz, secrétaire fédéral FO-FGTA, demandant "de mettre en oeuvre au maximum la mobilité vers d'autres secteurs qui s'en tirent mieux". Lenôtre, traiteur propriété de Sodexo depuis 2011, fait l'objet d'un autre PSE portant sur 197 postes, a précisé la communication de Sodexo.

Dans ce contexte, pour "protéger le bilan face à la sévérité du ralentissement de l'activité dû au Covid-19 et à l'incertitude quant à la reprise, et par solidarité avec les collaborateurs", le groupe a décidé de ne pas proposer de dividende pour 2019-20 "même si le résultat net ajusté est positif" une fois retranchés les autres produits et charges opérationnels, à 306 millions d'euros (-60,1% par rapport à 2018-19).

"Les coûts de restructuration augmentent de manière significative à 191 millions d'euros pour l'exercice 2019-2020", notamment pour "protéger les marges à mesure que les programmes de soutien gouvernementaux prennent fin", et "pour anticiper la réduction structurelle du chiffre d'affaires post-Covid", a-t-il détaillé jeudi. En outre la dépréciation de certains actifs, "principalement en Sports & Loisirs et Éducation, s'élève à 249 millions d'euros".

afp/lk